Dans une vingtaine d'années, l'Algérie ira-t-elle vers une gouvernance régionale ? C'est ce que suggère l'étude portant sur « le Schéma Régional d'Aménagement du Territoire de la Région du Nord Ouest », initiée par le ministère de l'Aménagement du Territoire. Cette étude, élaborée par le bureau d'études DIRASSET, introduit bel et bien « la décentralisation ». Ce travail s'est déroulé sur une période de cinq mois, de novembre à avril 2005 et il a requis l'intervention d'une dizaine d'experts avant qu'il soit soumis, les 11 et 12 décembre en cours à Oran, pour son enrichissement en ateliers. L'objet de ce Schéma national d'aménagement du territoire vise « la création de dix régions à l'horizon 2025 » et autant de plans régionaux. A la question relative à leur éventuelle institutionnalisation, Cherif Rahmani, principal promoteur du projet, se contente de suggérer : « Le cadastre du littoral de la région Ouest, dont celui d'Oran, est déjà fait et le plan d'aménagement de la côte oranaise est fin prêt. Il sera rendu public la semaine prochaine », promet-il. L'on saura que le plan de la région Nord-Ouest est appelé à regrouper les 7 wilayas de l'ouest du pays, à savoir, Oran, Mostaganem, Relizane, Mascara, Tlemcen, Sidi Bel Abbès et Aïn Temouchent. La rencontre d'Oran intervient après celles qui ont concerné la région des Hauts-Plateaux, du Centre-Ouest et de l'Est, tenues respectivement à Djelfa, Saïda et Batna durant l'année 2004. Ceci étant dit, une fois arrivé à maturité, le projet devra passer par l'adoption des deux chambres du Parlement à l'automne prochain, selon Rahmani. La stratégie ambitionne, selon le même interlocuteur, de « rompre avec la vision traditionnelle, celle qui raisonne à l'échelle wilayale ou communale. Ce n'est pas une simple addition ou juxtaposition des programmes de wilaya, mais il s'agit de mettre en place une stratégie globale à l'échelle régionale. Le plan encadrera les routes, les lignes de chemins de fer, des usines et ambitionne de réaliser un développement qualitatif pour nos villes en passant à une métropolisation, en leur donnant des fonctions supérieures ». Par ailleurs, « la juxtaposition pure et simple de ces programmes sectoriels aurait abouti à une approche partielle, (parce que cloisonnée) des problèmes et en fin de compte, à une formulation insuffisante, voire non adaptée aux propositions », argumente Rahmani. Cette loi est venue pour compléter le dispositif juridique relatif à la loi n° 01-20 du 12 Décembre 2001 concernant l'aménagement du territoire et à son développement durable. Cette nouvelle loi vise à « instaurer des mécanismes permettant l'amélioration des formes de contractualisation dans la gestion des villes. » Des politiques inadaptées Il faut dire que bien des problématiques ont inspiré les promoteurs de ce projet. « La politique du foncier en vigueur ne s'est pas adaptée aux changements qu'ont connu nos villes, lesquelles ont reposé sur des solutions conjoncturelles qui définissaient la ville comme seul espace géographique, ce qui a contribué à une urbanisation massive au dépend des terres agricoles initialement limitées ainsi que la diminution des espaces verts et publics et la dégradation de l'environnement urbain. » Autre contrainte relevée par les initiateurs de ce plan : « Le déséquilibre flagrant dans la répartition et la densité de la population indique que 40% des habitants sont localisés sur la bande littorale qui ne représente que 1,9 % du territoire et environ 25% des habitants sont localisés dans les zones telliennes, soit 2,1% du territoire. Ce qui dénote que 65 % de la population sont concentrés sur une superficie ne dépassant pas 4% du territoire et 25% des habitants sont localisés dans des hauts plateaux, sur une superficie de 9% du territoire et, enfin, seulement 10% de la population du sud occupe une superficie de 87% du territoire national. La population urbaine représente 58%, soit 16,9 millions d'habitants localisés dans 579 agglomérations. En 2010, ce taux va atteindre 70% et passera à 80 % à l'horizon 2025 » 44 % de la surface du sol est érodée, c'est la région la plus touchée, deux fois la moyenne nationale. 45 kilomètres du littoral sont urbanisés. « Aussi, relève le rapport, 70% de la surface de la région du Nord Ouest est constituée de zone steppique. » Nos villes sont aussi soumises à des pressions et des contraintes, notamment à une « croissance accélérée et non maîtrisée de la ville. Tissu urbain incohérent. Dégradation des espaces urbains, voir leurs absences, comme les espaces verts, centres villes, espaces de loisirs. Densité d'urbanisation aggravée par les constructions illicites et les bidonvilles. » La région Ouest, qui compte 8 millions d'habitants, est caractérisée par une forte attractivité d'Oran et de Mostaganem qui captent à elles seules, 40 % de la population de la région Nord Ouest. En revanche, Mascara et Relizane sont les villes les plus répulsives.