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Un schéma national d'aménagement du territoire et des enjeux
Le projet de loi est sur le bureau de l'APN
Publié dans La Tribune le 08 - 02 - 2010


Photo : S. Zoheïr
Par Ghada Hamrouche
L'Algérie s'est certes profondément métamorphosée depuis 48 ans grâce à un intense effort d'industrialisation, d'urbanisation et d'investissement. Cependant, ces changements ne se sont pas faits sans distorsions et déséquilibres territoriaux. L'état du territoire renseigne sur ces nombreux disfonctionnements. Le développement du pays présente des distorsions spatiales et des exclusions multiples car il n'a pas été soutenu par une politique territoriale à sa mesure. Plus que jamais, l'Algérie est tenue de trouver une solution à son sempiternel problème : une population en croissance rapide concentrée sur 9% du territoire, d'une part, et la valorisation et la protection des ressources naturelles ainsi que l'emploi judicieux de ces ressources financières, d'autre part. L'analyse du bilan global du développement économique et social du pays a révélé un certain nombre de disparités et de déséquilibres qui recèlent certains risques pour l'avenir, en ce qui est de l'occupation rationnelle du territoire, de la répartition équitable des emplois et des revenus et des risques de surconsommation des terres à haut potentiel agricole. Ces déséquilibres peuvent, d'une part, entraver le développement harmonieux à long terme et la concrétisation des options fondamentales du pays et, d'autre part, accroître les inégalités et les disparités entre les différentes régions. Leur correction impose comme priorité, en matière d'aménagement du territoire, une meilleure occupation de l'espace. Elle implique une répartition volontaire, organisée et planifiée des activités en vue d'assurer un véritable équilibre régional qui puisse garantir de meilleures conditions de vie pour tous. Ces constats ne sont certes pas nouveaux. Ceux qui ont planché sur le territoire national tout au long de ces dernières décennies ont identifié les problèmes et proposé des schémas à même de remédier à cette situation de plus en plus alambiquée. Les professeurs Marc Côte, Tayeb ou Rebbouh pour ne citer que ceux-là avaient de tout temps diagnostiqué la situation et attiré l'attention sur la nécessité de mettre en œuvre un plan global d'aménagement du territoire susceptible d'éliminer les disparités régionales tant au niveau de la répartition de la population que de celle des activités économiques, sociales et culturelles structurantes. L'expansion économique devra profiter à l'ensemble des Algériens, citadins et ruraux. Cela n'est possible que si une répartition volontaire et sélective des activités génératrices de progrès et de revenus est entreprise au bénéfice des régions subissant, pour diverses raisons, des handicaps, notamment les zones montagneuses, les Hauts Plateaux, le Sud et les régions frontalières qui n'ont pas bénéficié du développement à la mesure de leurs problèmes.
Les grandes lignes du SNAT 2025
Aussi, les lignes directrices affichées par le SNAT 2025 répondent à des problématiques complémentaires qui devront nourrir l'espoir, fouetter les ambitions pour plus de compétitivité et viser la cohésion et la recherche des équilibres, pour un nouveau visage de l'Algérie où le citoyen bénéficiaire et acteur sera replacé au cœur des institutions. Dans cette optique, une étude a été confiée par le ministère de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, visant à réaliser le Schéma national d'aménagement du territoire (SNAT) en Algérie à l'horizon 2025. Cette étude a été menée par le groupement AB21 rassemblant l'ANAT (Alger), le BNEDER (Alger) et Ingerop (Courbevoie), dont le PEPSE-UPMF est sous-traitant. Dans ce projet, l'UPMF, avec le concours de X. Greffe, traite plus particulièrement des dimensions économiques de la réflexion territoriale ainsi que de la gouvernance. Dans le cadre de l'élaboration du SNAT, il y a une étape très importante, la construction de scénarios territoriaux pour l'Algérie, qui repose sur trois piliers : le
diagnostic territorial, la prospective territoriale et la typologie des wilayas. Le projet ambitionne un développement harmonieux de l'ensemble du territoire national s'articulant autour de l'efficience économique, de l'équité sociale, de la promotion de l'Homme et de la protection de l'environnement. Cadre de concertation, de coordination, de partenariat et de prise de décisions, le SNAT 2025 constitue l'instrument stratégique de mise en œuvre de la politique territoriale durable du pays. Le SNAT couvre simultanément quatre lignes directrices. En premier lieu, la durabilité du territoire et de ses ressources naturelles stratégiques via la durabilité de l'eau selon des critères de disponibilité permanente, de qualité, d'équité et d'équilibrage ; la conservation des sols et la lutte contre la désertification ; la protection et la valorisation des écosystèmes et la prévention des risques majeurs. En second lieu, le rééquilibrage territorial à travers le freinage de la littoralisation et le rétablissement de l'équilibre littoral ; le redéploiement des populations et des activités vers les Hauts Plateaux et les régions du Sud ; la délocalisation des activités et la déconcentration administrative ; l'intégration d'un système urbain renouvelé et articulé. La troisième ligne conductrice n'est autre que la promotion et le renforcement de l'attractivité et de la compétitivité territoriale par la modernisation des infrastructures de transport, de logistique et de communication, la métropolisation des quatre grandes villes du pays et la création de villes nouvelles et de pôles de compétitivité d'excellence. Enfin, la recherche de l'équité sociale territoriale à travers le renouvellement urbain, la politique de la ville, le renouveau rural, la revitalisation des territoires ruraux et le rattrapage et la mise à niveau de l'ensemble du territoire.
Mise en œuvre du SNAT 2025
Par son ampleur et son caractère transversal, le SNAT 2025, qu'appuient les différents plans de développement entrepris, se concrétise par les transformations rapides et profondes que vit au quotidien le pays grâce à un intense effort d'investissement public : autoroute
Est-Ouest, barrages et grands transferts hydrauliques, métro, rail, grandes infrastructures et réseaux énergétiques, technologies de l'information, grands ensembles d'habitations, développement rural, éducation, formation et recherche dans tous les paliers. Le SNAT sera mis en œuvre par vingt programmes opérationnels d'action territoriale (PAT). Il se décline en neuf schémas régionaux d'aménagement du territoire (SRAT) ; quatre schémas directeurs d'aménagement des aires métropolitaines (SDAAM) pour Alger, Oran, Constantine et Annaba ; 48 plans d'aménagement du territoire de wilaya (PAW) et 19 schémas directeurs des grandes infrastructures et des services collectifs d'intérêt national concernant la quasi-totalité des secteurs d'activité et notamment ceux des ressources en eau, de l'agriculture, des infrastructures de transport, de l'énergie, de la formation, de la santé, de l'enseignement supérieur et de la recherche. Deux échéances successives jalonnent la mise en œuvre du SNAT. En 2015, l'action volontaire de l'Etat marquera la politique d'aménagement territoriale concrétisée par la mise en place des investissements structurants identifiés par les 19 schémas directeurs sectoriels tandis que, dans la seconde phase, les pouvoirs publics incarneront plus une puissance d'arbitrage et de régulation en ouvrant les opportunités d'actions par le partenariat avec d'autres acteurs. Si, théoriquement, le SNAT semble être un projet très ambitieux, il n'en demeure pas moins que ce ne sont pas les plans d'aménagement qui ont fait défaut à l'Algérie depuis 1962. La mise en œuvre restera le point nodal de la réussite dudit schéma. Car l'aménagement du territoire n'est pas un plan qui se dessine dans d'obscurs laboratoires d'aménagement urbain ou rural, c'est surtout une volonté de mettre en œuvre une politique volontariste pour éliminer les disparités et qui se concrétisera à travers des projets structurés et structurants.


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