La sixième conférence ministérielle des 149 membres de l'OMC s'ouvre aujourd'hui à Hong Kong sur fond de divergences profondes sur le dossier agricole, notamment la question des subventions. Un dossier, qui a été, pour rappel, à l'origine de l'échec enregistré par la Conférence de Cancun (Mexique) en 2003. Le spectre d'un énième échec des négociations plane encore sur Hong Kong. Du côté du nouveau staff dirigeant de l'OMC, le temps est plutôt à l'optimisme. Le nouveau directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a estimé dans une interview au journal français Libération « à 55% de chances de réussir le cycle du développement ». Hong Kong, a-t-il dit, « devrait nous permettre de faire un pas supplémentaire ». Mais en cas d'échec, avertit le patron de l'OMC, « il faudra en tirer les conclusions ». Les craintes d'un échec ont été d'ailleurs accentuées hier par les positions figées des Européens d'un côté, Américains et Brésiliens de l'autre sur l'épineux dossier des subventions agricoles. Dès son arrivée sur le sol hongkongais, le commissaire européen au commerce, Peter Mandelson, a répété qu'il n'allait pas proposer « une nouvelle offre sur l'agriculture. Il revient donc aux autres de faire des offres améliorées dans des domaines clefs des négociations ». L'UE a offert de réduire de 35% à 60% ses droits de douane sur les importations de produits agricoles, une proposition jugée insuffisante par Washington et plusieurs pays émergents qui accusent Bruxelles d'être responsable du blocage des négociations de l'OMC qui tentent de lever les obstacles au commerce mondial depuis 2001 et la conférence de Doha. Peter Mandelson avait laissé entendre que Bruxelles ne pouvait aller plus loin, sinon laisser planer le risque de « perdre le soutien de pays membres ». Une réunion des six principaux acteurs de l'OMC (Etats-Unis, UE, Australie, Japon, Inde et Brésil) s'est tenue à Hong Kong, sans avancée notable attendue. Américains et Brésiliens entendent maintenir la pression à Hong Kong sur les Européens. « L'agriculture est le défi numéro un (...) Les Etats-Unis ont présenté une offre agricole audacieuse en octobre à laquelle d'autres, dont l'Union européenne, doivent répondre », a ainsi lâché Rob Portman, le représentant américain au commerce. Washington a proposé de réduire de 60% ses aides les plus controversées aux agriculteurs. L'Américain a reçu le soutien du chef de la diplomatie brésilienne, Celso Amorim. « A moins que l'Union européenne n'améliore son offre sur les biens agricoles, je ne crois pas qu'il y aura de cycle de Doha », a-t-il déclaré. Face à ce dialogue de sourds, un accord à Hong Kong semble relever du « miracle ».