L' échec de cette rencontre est attribué à l'intransigeance et à l'égoïsme des Européens et des Américains. Les accords du cycle de Doha, ne seront pas mis en oeuvre. Les négociations engagées, dimanche à Genève, entre les ministres du Commerce des 6 acteurs principaux de l'OMC, en l'occurrence, l'UE, l'Inde, le Japon, le Brésil, l'Australie et les Etats-Unis d'Amérique, ont buté sur des concessions liées à la réduction des subventions au secteur agricole et à la baisse des droits douaniers. Encore une fois, les pays en développement sont les grands perdants de la partie. A la suite de l'échec de ces tractations, le directeur général de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, a appelé lundi dernier, les 149 pays, membres de l'organisation de suspendre les accords bien que les pourparlers, devaient se prolonger jusqu'au mois d'août prochain. Le premier responsable a estimé que le manque de volonté politique rend impossible l'application de ces accords. Conclus en 2001 à Doha, la capitale qatarie, les accords, objet de négociations visent, entre autres objectifs, à réduire la pauvreté dans le monde en adoptant de nouvelles règles dans les échanges commerciaux. Partant de la réalité que les économies des pays en développement sont basées essentiellement sur l'agriculture, la libéralisation des politiques commerciales agricoles des pays riches devrait donner un nouveau souffle aux exportations de ces pays peu industrialisés. Un objectif qui ne peut se matérialiser sans l'adoption de nouvelles mesures traitant essentiellement la baisse des droits douaniers et à la réduction des subventions accordées à ce même secteur. L'appui à l'agriculture, pratique commerciale répandue dans les pays avancés, occasionne de grandes pertes aux agriculteurs des pays pauvres. Un montant qui dépasse de loin le PIB de tout le continent africain. Près de 350 milliards de dollars sont dépensés annuellement par les pays développés pour subventionner leur agriculture. Des subventions, faut-il le préciser, qui faussent les échanges et les barrières commerciales. Les désaccords quant à l'application des accords de Doha remontent à la cinquième conférence ministérielle de l'OMC, tenue à Cancun au Mexique. Néanmoins, des progrès, relatifs à la fixation d'une date limite pour la suppression des subventions à l'agriculture à l'horizon 2013, ont été réalisés au cours de la 6e conférence ministérielle de l'OMC tenue du 13 au 18 décembre 2005 à Hong Kong en Chine. Cette dernière a donné de l'espoir aux partisans du cycle de Doha, mais les divergences profondes qui ont marqué les positions américaines et européennes dans les dernières négociations, ont sérieusement compromis son avenir. Les deux parties s'accusent mutuellement. Le commissaire au commerce européen, Peter Mandelson, a attribué l'échec des négociations aux Etats-Unis et à leur refus de réduire davantage leurs subventions agricoles. Pour sa part, la représentante américaine pour le commerce, Susan Schwab, a accusé ses partenaires de la négociation, de ne chercher qu'à échapper à l'ouverture de leurs marchés et d'avoir provoqué ainsi l'échec de cinq années de discussions sur la libéralisation des échanges mondiaux. Le Brésil en sa qualité de grand exportateur de produits agricoles, serait parmi les grands perdants de cet échec, qui pénalise de nombreux pays producteurs de coton. Le ministre des Affaires étrangères brésilien, Celso Amorim, l'un des animateurs du groupe des pays émergents (G20), a considéré l'échec des négociations comme une véritable catastrophe. L'ONG britannique Christiane Aide a attribué l'échec de cette rencontre à l'intransigeance et à l'égoïsme des Européens et des Américains qui ont «finalement ôté toute chance de réussite à ces négociations commerciales censées aider les pays en développement».