Les 149 pays membres de l'OMC ont entamé, hier, à Hong Kong, 6 jours de réunion. Ils espèrent arriver à un compromis et ne pas rééditer les échecs de Doha en 2001, et plus récemment celui de la réunion de Cancun au Mexique. Les observateurs restent toutefois sceptiques quant à d'éventuels résultats positifs. Les parties antagonistes campent sur leurs différentes positions au sujet des dossiers qui fâchent, à savoir les subventions à l'agriculture dans les pays riches, l'ouverture des marchés industriels et de services des pays en développement. C'est dans un contexte d'extrême tension, ponctué de heurts entre forces de l'ordre et manifestants altermondialistes que les pays riches, pauvres et moins pauvres vont défendre chacun ses intérêts. Les premiers arrivent à Hong Kong avec un « paquet » de mesures favorables aux pays les moins avancés (PMA). Une parade qui ne réussit pas à convaincre les autres pays en développement qui y voient une démarche manigancée par le Nord pour vouloir les diviser. Européens et Américains faisaient les yeux doux aux pays les moins lotis de ce monde pour éluder les autres questions qui suscitent des critiques. Il en est ainsi des représentants de l'Union européenne, à leur tête, le commissaire européen Peter Mandelson qui, face à des grincements de dents en raison des droits de douane que l'UE applique aux produits agricoles, a proposé aux autres pays développés et aux grands pays émergeants d'importer sans droits de douane ni contingents les produits des PMA. Certains pays émergeants voient dans les mesures en faveur des seuls 32 PMA membres de l'OMC une tentative de division. A l'extérieur du Palais des congrès, l'ambiance était aussi tendue qu'à l'intérieur avec le défilé qui a rassemblé un peu plus de 5000 personnes, selon les organisateurs. Agriculteurs sud-coréens mobilisés pour la défense de leur riz, domestiques philippins dénonçant leur « exploitation » et altermondialistes de tous profils ont sonné la charge contre l'OMC. Plus d'une centaine de manifestants, pour la plupart des paysans sud-coréens, se sont jetés dans l'eau froide de la baie de Hong Kong. Certains ont tenté de gagner à la nage le lieu de cette rencontre, situé au bord du rivage, mais des vedettes de la police les ont forcés à faire demi-tour. Ceux-ci ont réussi à perturber le discours inaugural du directeur général de l'OMC, le Français Pascal Lamy, dont les propos indiquent que celui-ci est conscient de l'impopularité de l'Organisation mondiale du commerce. L'OMC n'est « pas la plus populaire des institutions dans le monde, loin s'en faut », a-t-il dit entre deux slogans des manifestants qui scandaient « L'OMC tue les paysans » et « Non à l'OMC ». Il a appelé, sans trop se faire d'illusions, pour redorer le blason de l'organisation, à un accord de ses membres sur une relance des échanges mondiaux plus équitables envers les plus pauvres. Il a plaidé pour moins de prudence pour éviter le blocage qui menace non seulement la réunion de Hong Kong, deux ans après l'échec retentissant de la précédente réunion de Cancun (Mexique), mais aussi l'ensemble du cycle de négociations de Doha lancé en 2001, au Qatar. « Il faut prendre des risques. Eviter les risques, y compris politiques, ne nous mènera à rien », a-t-il affirmé. Un message vraisemblablement adressé à l'Union européenne surtout, ainsi que les Etats-Unis, accusés par les pays en développement de fausser les échanges mondiaux par le soutien important qu'ils apportent à leurs paysans. Mais loin de ces vœux pieux, les affrontements entre policiers et les altermondialistes ont fait 9 blessés.