Ce titre de l'ouvrage suffit en soi pour illustrer le destin de ce personnage méconnu, ou pas assez connu, de la lutte anticoloniale que fut Mohamed Ben Allel Sidi Embarek. Descendant de la famille maraboutique des Ouled Sidi Embarek de Koléa, il opposa une résistance farouche à la pénétration française en Algérie et mourut au combat les armes à la main le 11 novembre 1843. Il fut cependant un des adversaires les plus redoutés des colonisateurs français. Le récit, publié aux éditions du Tell par le petit-fils de Sidi Ali Embarek, diplômé en sciences politiques et en charge actuellement de la zaouïa, est celui d'un docteur en biologie, journaliste et historien indépendant. La préface est signée par le professeur Ahmed Djebbar, historien et ancien ministre. La tête dans un sac de cuir n'est pas une simple compilation d'évènements historiques ou d'épisodes marquants de la vie du saint homme qui a été un calife de l'Emir Abdelkader pour la région du centre du pays, mais plutôt - par choix des auteurs - un récit comme le qualifie le Pr Djebbar «à hauteur d'hommes (…) une chronique de la prise de conscience puis de la résistance, au grand jour, d'un groupe d'hommes et de femmes confrontés à un évènement imprévu, le débarquement, à quelques kilomètres d'Alger, de troupes étrangères venues du Nord ( …)». Les auteurs, pour rendre toute la dimension humaine de cette tragédie coloniale, ont su puiser à la fois dans le témoignage oral du chant ou de l'oraison et dans les archives de la colonisation ou ceux de la famille, legs conservé par les descendants de Mohamed Ben Allel. Combat anti-colonial Il faut d'ailleurs que le travail rendu au lecteur soit un admirable tableau de la société algérienne du début du XIXe siècle, aussi bien dans les campagnes que dans les villes confrontées au premières épreuves de la colonisation. Premières épreuves qui vont forger la conscience de celui qui va devenir le porte-drapeau de la résistance à la colonisation, aux côtés de son oncle, Mahieddine Es-Sghir, qui sera choisi par les tribus de l'Algérois pour être le chef. Son emprisonnement à Alger par les Français ne fera que renforcer sa détermination à mener le combat contre la colonisation. C'est ce qu'il fera durant une dizaine d'années. Le 11 novembre 1843, il conduit sa dernière bataille contre l'occupant dans la vallée de l'oued Mellah et mourut les armes à la main.