Les chefs d'entreprises dénoncent les difficultés rencontrées pour accéder au foncier industriel, ainsi que les lenteurs administratives dans le traitement des dossiers. En dépit d'une conjoncture économique favorable, les entrepreneurs de Biskra n'arrivent plus à s'acquitter de leur mission du fait de nombreux dysfonctionnements administratifs et de certaines dispositions réglementaires qui les poussent, pour pouvoir continuer d'exister, à avoir recours à des trucs et à des procédés que l'on peut considérer comme étant à la lisière de la loi.» C'est la déclaration unanime des participants à une rencontre ayant réuni des chefs d'entreprise et des opérateurs économiques en début de semaine au siège de la confédération du patronat de Biskra. Présidée par Amor Ouandjelli, cette organisation patronale regroupe 17 secteurs d'activités. A l'ordre du jour, l'étude du nouveau code de procédures d'obtention des marchés et l'élaboration de propositions à même d'aplanir les difficultés des entrepreneurs. Mais, très vite, les discussions ont glissé vers les problèmes et les obstacles qui freinent le développement des entreprises à Biskra. «Nous vivons une situation difficile et franchement décourageante, laquelle laisse entrevoir des faillites à foison», ont déploré des entrepreneurs. Transformant cette séance de travail en tribune d'expression du malaise qui traverse la corporation, plusieurs personnes n'ont, en effet, pas manqué de prendre la parole pour mettre en avant leurs difficultés en tant qu'entrepreneurs. Une litanie de problèmes Ces difficultés se résument à l'impossibilité pour eux d'accéder au foncier industriel dans des délais raisonnables. «Le dévoiement de la zone d'activité de Biskra de son rôle initial et sa transformation en quartier commercial et d'habitation est une aberration», a fait remarquer une femme chef d'entreprise qui attend, en vain, depuis des années, un lot de terrain pour y implanter un atelier de couture. Un entrepreneur qui patiente, lui aussi depuis des mois, pour que lui soit versé son dû pour la construction d'une sûreté urbaine à Foughala, ajoutera: «J'attends depuis des mois d'être payé pour payer mes employés. La commission d'approbation des marchés a accepté dans un premier temps nos dossiers, puis quand les travaux ont été réalisés, elle s'est montrée beaucoup plus pointilleuse et demande des tonnes de papiers.» D'autres ont évoqué le problème du défaut de facturation des agrégats et autres matériaux de construction, celui de la qualification pour les nouvelles entreprises qui doivent engager un ingénieur pour que leur en soit délivrée une carte sans cela ils ne peuvent obtenir de marché. «Un véritable trafic de diplôme serait mis en place afin de contourner cette disposition légale; des ingénieurs vendraient leurs diplômes à plusieurs entrepreneurs et récolteraient un pactole annuel de plusieurs millions sans effectuer le moindre travail», a révélé à ce propos un entrepreneur, révulsé par ces pratiques. Les lenteurs de l'administration pour traiter les dossiers et l'absence d'un interlocuteur crédible au niveau de celles-ci ont aussi alimenté les débats menés à bâtons rompus. Pour terminer, les membres de la confédération du patronat de Biskra ont exprimé leur souhait d'être «de véritables partenaires de l'administration, et pas seulement de simples faire-valoir». Ils ont aussi réaffirmé leur refus de s'aligner sur les positions du président de la Chambre du commerce et de l'industrie (CCI) de Biskra, Abdelmadjid Khobzi, auquel il est reproché notamment de «s'orienter uniquement vers le secteur de l'artisanat et de politiser l'instance (CCI) dont il est président depuis quelques mois ».
Une vision moderne à développer Porteur d'une vision moderne de l'entrepreneuriat, celui-ci prône la dynamisation de toutes les instances activant dans le secteur économique et la participation de toutes les bonnes volontés, à commencer par les jeunes désireux s'investir dans les métiers de la production et les projets structurants. Il envisage la création de 500 petites entreprises qui embaucheront des milliers de travailleurs. Il explique pourquoi il a opté pour l'artisanat et les métiers traditionnels: «Il est logique d'aider et d'accompagner des jeunes à monter de petites unités de productions maîtrisables et gérables avant de pouvoir prétendre passer à la vitesse supérieure. Nous avons des contacts poussés avec des Chinois et des Turcs pour un partenariat équitable. Notre ambition est de booster la création d'entreprises en expliquant aux jeunes que cela est possible. L'Etat a mis en place des dispositifs et des aides conséquentes pour les jeunes mais ceux-ci restent encore méconnus ou négligés à cause de gens qui se sont décrétés intermédiaires et qui vivent de cela aux dépens des jeunes. Je comprends que ma présence puisse gêner des gens qui se complaisent dans l'immobilisme depuis des années, mais il est temps de bouger et de faire de notre wilaya un pôle commercial et industriel à l'image de Sétif et Batna par exemple.» Pour ce faire, il recommande de réunir les 16 000 commerçants et opérateurs économiques de Biskra sous la bannière de l'Union nationale des commerçants et artisans algériens, laquelle est, selon lui, complètement inopérante depuis des lustres. «Le wali est disposé à nous aider dans toutes nos démarches et initiatives allant dans le sens du développement local; il a installé une commission d'étude des problèmes des investisseurs et entrepreneurs et chacun peut y soumettre ses demandes. Mes détracteurs ne sont que des personnes qui résistent au changement», a expliqué notre interlocuteur qui est soutenu par plusieurs corps de métiers.