Depuis la délocalisation des Jeux méditerranéens de 2013 de la Grèce vers la Turquie, le président du Comité international des Jeux méditerranéens (CIJM) , Amar Addadi, nous avait promis de nous donner plus de détails. Aujourd'hui, il le fait en répondant à nos questions. - Quelle a été la réaction des Turcs après leur désignation comme organisateurs des JM 2013 ? Bien évidemment l'annonce de la désignation de la ville de Mersin pour abriter les Jeux en 2013 a été accueillie par une ambiance d'allégresse et de liesse populaire dans la ville de Mersin. Une désignation largement agrémentée par un sentiment de grande satisfaction exprimé tant par les représentants des autorités politiques nationales et locales, que par les dirigeants des institutions sportives, telles que le Comité olympique, les fédérations nationales, les ligues et mêmes les associations sportives locales. Tous les commentaires étaient unanimes à dire que la Turquie est très fière d'organiser les Jeux méditerranéens, 40 ans après ceux d'Izmir. - Selon vous, seront-ils prêts le jour J ? A cette question, nos amis Turcs répondent sans hésiter «Bihaziris», ce qui veut dire dans la langue turque : «Nous sommes prêts.» De notre côté, et sans verser dans une béate certitude, nous pouvons dire qu'ils possèdent plusieurs atouts qui peuvent garantir la réussite des Jeux malgré le temps imparti, qui est relativement très court pour un événement sportif comme les Jeux méditerranéens. Il ne leur reste que 2 ans, c'est très peu, pour réaliser l'exploit et honorer ce défi. Parmi ces atouts, il faut savoir qu'ils disposent déjà de l'ensemble des infrastructures nécessaires pour l'organisation des Jeux, les installations ne nécessitent qu'un programme de réhabilitation et de mise à niveau. Malgré cela, ils comptent construire un nouveau stade et une piscine pour renforcer le potentiel, dans les délais requis. Ils devront compter pour cela sur leurs entreprises de réalisation, lesquelles sont créditées notoirement d'un bon niveau de performance. Le village méditerranéen pour l'hébergement des athlètes est déjà en construction dans le cadre du projet de réalisation d'un campus universitaire. Le module pour 1000 places sera achevé au mois d'août prochain, les travaux pour les autres modules s'engageront par la suite pour une extension qui portera la capacité à plus de 5000 places. - Le comité d'organisation est-il déjà opérationnel Effectivement. Il faut signaler aussi l'avantage d'une loi, promulguée du temps de la candidature d'Istanbul aux Jeux olympiques, qui permet la mise en place rapide d'un comité d'organisation pour les grands événements sportifs et surtout des procédures accélérées pour le financement aussi bien pour le chapitre organisation que pour le programme d'équipement. Il faut ajouter à cela le fait que le sport en Turquie est en plein essor, avec des résultats sportifs certes, mais aussi dans le domaine de l'organisation sportive avec des compétences avérées. La Turquie vient d'organiser récemment avec succès les Championnats du monde de basket-ball, de tir à l'arc, les Championnats du monde universitaires de beach-volley et de beach handball, les universiades d'hiver. Au mois de juillet se dérouleront, à Trabzon, les Jeux européens de la jeunesse ainsi que divers championnats mondiaux et européens inscrits au calendrier international. La Turquie recèle donc les compétences et l'expérience. Ce sont donc tous ces arguments, disponibilité des infrastructures, les garanties de financement, les compétences humaines, il faut y ajouter l'enthousiasme et l'engouement des autorités locales et des citoyens de Mersin, qui forcent notre optimisme envers nos amis turcs et nous rendent confiants qu'ils seront au rendez-vous le jour J. - Sûrement vous avez déjà rendu visite aux autorités de Mersin. Quelles sont leurs impressions ? Bien sûr, et à la faveur de ma visite à Mersin, j'ai eu l'occasion de rencontrer les représentants des autorités, le gouverneur, Hasan Basri Güzeloglu, le maire, Macit Özcan, le président de la Chambre de commerce et d'industrie ainsi que le recteur de l'université, qui ont été les principaux artisans de la candidature de Mersin. J'ai même eu l'occasion de rencontrer le ministre de l'Intérieur en visite d'inspection à Mersin. Comme je l'ai déjà dit, mes interlocuteurs ont manifesté un engouement et un enthousiasme appréciables. Ils sont parfaitement conscients de l'acuité de la tâche, car c'est une véritable course contre la montre, mais ils sont animés d'une grande détermination. Par ailleurs, et à la faveur des Jeux, ils comptent impulser divers projets contribuant au développement de la région et de la ville ; le plus apparent est la construction d'un aéroport international à Mersin. - Maintenant que le CIJM a retiré l'organisation des JM à Volos, les Grecs gardent-ils encore le siège de votre organisation ? La question du siège doit être dissociée de celle de la domiciliation des Jeux méditerranéens. Il est vrai que le siège a toujours été à Athènes depuis la création du CIJM et que notre organisation a une existence légale spécifiée par une loi grecque. Sachez que nous sommes liés avec le secrétariat d'Etat aux Sports par un mémorandum fixant les mesures de soutien du gouvernement grec au CIJM, pas toutes respectées au demeurant. Mais une délocalisation est toujours envisageable, sur simple décision de l'assemblée générale. La vérité et il faut l'avouer, de nombreux collègues, fortement échaudés par les déconvenues vécues ces dernières années, liées davantage aux comportements inconséquents et discourtois de certains responsables grecs, n'ont pas manqué de suggérer avec insistance le «déménagement». Mais pour le moment, il semble que les dirigeants sportifs grecs, notamment ceux du Comité olympique, prônent le maintien du siège du CIJM en Grèce, l'une des rares institutions sportives internationales, implantée encore dans le berceau de l'olympisme. Enfin, nous verrons. Pour le moment, nous avons sauvé les Jeux et c'est la priorité.