Rencontré il y a plus de deux mois, Ammar Addadi, président du Comité international des Jeux méditerranéens, nous avait dit trouver énormément de difficultés pour l'organisation des jeux de 2013 en Grèce. Aujourd'hui ses appréhensions sont devenues réalité. Il nous l'explique. -A quoi est dû ce retrait des jeux à la Grèce ? Il me semble d'abord qu'il est important de dire que la ville grecque de Volos s'était vu attribuer le droit d'organiser les Jeux méditerranéens de 2013 à condition que la charte du ClO et celle du CIJM soient respectées et que tous les engagements du contrat et de la candidature soient mis en œuvre. Malheureusement, depuis la signature du contrat en octobre 2007, peu de choses ont été réalisées. Par ailleurs, la crise financière en Grèce a aggravé la situation et un certain nombre de mesures d'économie furent acceptées par le CIJM dans le but de maintenir les jeux dans le pays. Rien n'y fait puisque les mois passèrent et peu d'améliorations furent apportées aux installations sportives. Je vous ajouterai que le CIJM, par respect pour la population grecque, avait donné son accord pour la délocalisation dans des villages voisins, à condition que ces changements ne soient pas pénalisants pour les athlètes. Je vous signale aussi, qu'en mars 2010, le CIJM a été obligé d'adresser une mise en demeure aux autorités grecques les avertissant que les jeux seraient retirés à Volos si des mesures appropriées n'étaient pas prises. -Mais vous deviez tenir des réunions d'évaluation avec le comité d'organisation... Nos réunions avec le Comité d'organisation ne faisaient pas avancer les choses. A cet effet, le CIJM insista à plusieurs reprises pour rencontrer les décideurs et pour obtenir des garanties écrites, en vain. Finalement, un délai a été accordé au Comité d'organisation de Volos pour produire, avant le 15 janvier 2011, un écrit du gouvernement garantissant la disponibilité des fonds nécessaires à une bonne organisation des Jeux ainsi que la rénovation des principales installations sportives. Nous avons demandé également des preuves qu'un hébergement adéquat soit fourni aux athlètes et officiels. Mais il nous a paru que nos appels ne recevaient pas d'écho et c'est ainsi que dans sa séance extraordinaire du 28 janvier 2011, l'exécutif du CIJM a pris note que ces garanties n'avaient pas été communiquées, et ce, en violation du contrat et de la candidature. En conséquence, en dépit de son souhait de voir les jeux organisés à Volos et Larissa et tout en reconnaissant les efforts fournis par le Comité d'organisation, le CIJM, ayant conscience que cette situation était préjudiciable pour le futur des jeux, n'eut d'autre choix que de retirer l'organisation des jeux à Volos. Je vous informe que cette décision aété prise à l'unanimité, moins une abstention. -Vous vous attendiez peut- être à une telle issue ? Pour être franc, je vous dirai oui, car cela fait depuis le mois de mars 2010, période où l'on a signifié aux Grecs une mise en demeure, à laquelle nous avons bien voulu surseoir par rapport à des engagements renouvelés. Cependant, nous n'avons eu que des réponses verbales, sans être suivis de preuves concrètes et tangibles. Je ne peux pas aussi cacher que nos amis grecs ont excellé dans les manœuvres dilatoires et les atermoiements, pour mettre le CIJM devant le fait accompli, au lieu d'un dialogue franc et direct, d'autant plus que nous avions souscrit déjà en janvier 2010 à la proposition de réduction budgétaire dictée par le plan d'austérité. Les autorités n'ont pas daigné saisir officiellement le CIJM pour les décisions de réduction encore plus drastiques faisant fi de tous les engagements souscrits au moment de la candidature et qui avaient permis l'élection de Volos. La construction du village est supprimée sans en aviser officiellement le CIJM. Nous n'avons reçu aucune garantie de financement du programme de réhabilitation et mise à niveau des infrastructures ni du chapitre organisation des jeux et fonctionnement du COJM. Nous avons enduré cette bataille pénible durant 39 mois, soit 3 ans et 3 mois, après la désignation de la ville de Volos. Je pense que nous avons déployé des trésors de patience et de compréhension, mais que nous ne pouvions prendre trop de risques pour nos Jeux méditerranéens. Je dirai même que nous avons même un peu tardé à faire aboutir cette décision. -Quelle a été la réaction des Grecs ? Franchement, je ne vous cacherai pas qu'elle a été relativement mitigée, entre ceux qui veulent justifier l'injustifiable, ceux qui veulent en faire une exploitation politique. Il y a aussi ceux qui sont vraiment déçus, notamment les citoyens et les élus de la région de Thessalie, mais ils savent très bien sur qui pointer leur doigt accusateur, en tout cas pas sur le CIJM. Je dois reconnaître que je n'ai pas encore lu de commentaires de presse accusant le CIJM d'acte d'injustice. Il est clair que le manque de respect aux engagements et aux exigences du contrat ainsi que le manque de considération envers le CIJM semblent être un avis largement partagé. -Avez-vous des solutions de substitution ? Il faut savoir que trois des 5 villes candidates pour 2017 ont exprimé leur volonté d'organiser les jeux en 2013, il s'agit de Mersin, Tarragone et Tripoli. Il est évident que la candidature d'une ville qui n'aurait pas fait part de son souhait d'organiser les jeux en 2017 ne pouvait être prise en considération. Les membres du CIJM aux termes d'une procédure de vote désigneront le 23 février la ville hôte des jeux de 2013.