L'œuvre contient beaucoup de zones d'ombres qui ont entaché un travail qui aurait pu être plus crédible si l'équipe du film avait consulté une grande partie de la documentation consacrée à cette femme mythique. Dans le cadre de «Tlemcen, capitale de la culture islamique», le département Cinéma a projeté en début de soirée, mercredi au centre international de presse, un documentaire fiction de 52 minutes sur la légende Lalla Hadja Maghnia. Le scénario de l'historien Omar Dib, réalisé par Mustapha Hacini, raconte le mythe d'une femme dont l'origine a été délibérément tronquée. Une femme dont on dit qu'elle était belle, pieuse (elle aurait appris les 60 sourates du Coran à l'âge de 6 ans) sage, bienfaitrice et qui aurait combattu le roi de Fès, après que ce dernier, se sentant humilié par le refus de la demande en mariage, arma ses armées et attaqua la tribu de Lalla Maghnia. «Elle savait que derrière l'idée du mariage, le roi de Fès voulait s'accaparer de cette région ouest (de l'Algérie)», nous a confié avant la projection M.Hacini. Née en 1765 et décédée en 1785 (à l'âge de 40 ans) Lalla Maghnia, au vu de plusieurs versions sur sa vie, reste une légende dont on ne connaît pas tout. Ayant épousé son cousin, qui lui en fit voir de toutes les couleurs parce que jaloux de sa notoriété, elle avait enfanté deux filles. Elle avait accompli deux fois le rite sacré du hadj. De retour des Lieux Saints de l'Islam, elle tomba gravement malade et mourut. «Elle serait originaire d'Ouled Mellouk, une tribu sur la bande frontalière», nous a déclaré M. Dib qui a quand même eu le mérite de contribuer à donner une version, incomplète ou quelque peu tronquée, mais qui a provoqué un débat. Livres d'histoire Aux autres d'apporter une version plus plausible. Le documentaire fiction, comme l'a précisé le réalisateur, est techniquement bien fait. Les acteurs et actrices sont des professionnels. Une œuvre irréprochable, si l'on ose le dire. Sauf qu'il y a beaucoup de zones d'ombres qui ont entaché un travail qui aurait pu être plus crédible si l'équipe du film avait consulté une grande partie de la documentation consacrée à cette femme mythique. Mercredi, les quelques spectateurs de la ville de Maghnia ont quitté la salle, très peu convaincus de cette version «je dirais même que c'est scandaleux, a déclaré Youcef Benkaâba, on ne reconnaît pas l'histoire qui nous a été racontée par nos grands-parents, par les livres d'histoire. Le réalisateur, peut-être pris par le temps, a fait un travail à la va vite». Dans une brève interview, Mustapha Hacini ne donnait pas l'impression de maîtriser son sujet, en répondant évasivement à des questions pourtant claires. Lalla Hadja Maghnia dont la ville (200 000 habitants, aujourd'hui) porte son nom a quand même dit, et cela est quasiment authentique. «Celui qui a mangé 40 galettes chez moi est considéré parmi les miens». Une sentence qui confirme que tout être atterrissant dans cette ville hospitalière, se sent chez lui. Une baraka de Lalla Hadja Maghnia.