Hébergés pendant deux mois pour des raisons humanitaires, les rescapés qui attendaient leur relogement se sont retrouvés finalement sans abri. Depuis jeudi dernier, cinq familles algériennes -30 personnes au total- rapatriées de Libye sont dans la rue, puisqu'elles ont été expulsées de Dar El Insania où elles étaient hébergées, depuis le 24 février 2011, sur instruction du wali. Après un séjour de deux mois, la présidente de l'association femmes algériennes pour le développement (AFAD) a notifié aux 30 résidents, par huissier de justice, la fin de leur prise en charge à Dar El Insania, avant de les chasser des locaux. «Nous avons été rapatriés, les mains nues, par les autorités algériennes. De l'aéroport Houari Boumediene nous avons été transportés par bus jusqu'à Annaba. Le wali nous a placés à Dar El Insania avec la promesse de nous régler le problème du logement. Deux mois après, nous voilà SDF avec des enfants. Nous sommes actuellement dépourvus de tous les moyens car nos biens sont en Libye», déplorent-ils. Ce qui n'est pas de l'avis de Mme Mounira Hadad, la présidente de AFAD, qui, dans une lettre adressée au président de la République dénonce fermement «les agissements et le silence des autorités de la wilaya face à la situation catastrophique dans laquelle elle a été mise, suite à leur décision en date du 24 Février d'orienter les Algériens rapatriés de Libye à Dar El Insania». Elle regrette, selon toujours le document en notre possession, d'avoir répondu favorablement à la sollicitation de la wilaya. «Dar El Insania ne prend pas en charge ce genre de population, mais par solidarité et conformément aux principes humanitaires qui animent les membres de l'association, ces familles ont été accueillies pour une période de deux mois, en accord avec les pouvoirs publics. Une fois dépassé ce délai, les autorités de la wilaya devaient prendre en charge, de n'importe quelle manière, ces citoyens rapatriés qui ne relèvent pas du statut de l'association. C'est-à-dire l'accueil et la prise en charge temporaire des femmes en difficultés», ajoute-t-elle. Par solidarité, les riverains ont pris cause et fait avec les personnes expulsées, avec bien entendu le gel des activités de l'association. «Nous avons été livrés par la faute des autorités et leurs promesses mensongères, au lynchage des gens du quartier. Par ailleurs, aucune réaction ni soutien n'ont été manifestés à l'association de la part des autorités de la wilaya, qui ne répondent même plus au téléphone», dénonce Mme Hadad.