Les causes de la faillite du système éducatif algérien ont été parmi les points débattus lors de cette rencontre par des chercheurs algériens et étrangers. La faculté des Sciences humaines de l'université de Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a organisé mardi et mercredi un colloque autour du système éducatif et de l'échec scolaire. Les communications présentées par des enseignants chercheurs, algériens et étrangers, se sont articulées autour de trois principaux axes de travail. François Testu, Professeur à l'université de Tours (France), souligne dans sa communication que «l'historique des systèmes éducatifs permet de constater que la plupart des aménagements du temps scolaire résultent plus souvent de la satisfaction des besoins des adultes et de la société dans laquelle ils vivent, que du respect de l'enfant, de son développement et de ses rythmes». Il a mis en exergue le grand apport de la chronobiologie et de la chrono-psychologie dans l'amélioration de l'apprentissage, de l'enseignement et de la gestion des temps éducatifs. Un aperçu plus au moins global «des causes de la stagnation du système éducatif algérien» depuis 1962, et quelques propositions plaidant pour «un changement efficace», ont fait l'objet de l'intervention de Tahar Absi, Professeur à l'université d'Alger. Evoquant «l'école algérienne dans l'engrenage de l'idiologie et du conservatisme», M. Absi notera que «notre système éducatif, conjugué aux mauvaises conditions de vie, a contribué à l'inadaptation de beaucoup d'enfants algériens à la vie scolaire et a entraîné probablement des déséquilibres psychoaffectifs et cognitifs, qui ont eu des répercutions sur leur stabilité et leur intégration sociale». Les raisons de l'échec scolaire en Algérie, selon l'intervenant, «peuvent être liées au mauvais choix de la philosophie de l'éducation, qui préside à l'élaboration des programmes scolaires, fixe les objectifs généraux et spécifiques ; à la primauté donnée aux dogmes idéologiques et religieux, qui n'admettent aucune critique ; au rétrécissement du champ culturel qui s'appuie sur un seul moyen d'expression et rejette l'autre héritage culturel algérien ; à l'absence de perspectives permettant une évolution des mentalités et l'ouverture du milieu éducatif sur la modernité et à l'absence d'une politique de formation de formateurs, à la fois démocratique et scientifique, qui assure une relève compétente». Pour que l'enseignement ne demeure pas en état d'échec, il faudrait, selon le Pr Absi, accepter la critique et l'autocritique, initier l'enfant à la pratique des libertés démocratiques dès le jeune âge, et redonner la parole aux sages du pays pour évacuer les rancunes du passé et bâtir une nouvelle école qui assure à l'élève un épanouissement. Mme Bachir Pacha-Abdesselam Lila, de l'université de Tizi Ouzou, traitera, elle, le thème de «Quand le rythme rime avec apprentissage», dans lequel l'accent est mis sur l'apport de la musique dans l'éducation et l'apprentissage de l'élève. Mme Bachir Pacha-Abdesselam relèvera dans son intervention «qu'un des facteurs de l'échec scolaire est reflété par l'ennui à l'école et la monotonie, due au manque d'activités parascolaires. Etant une activité plaisante et reposante, la musique constitue un complément et un renforcement des connaissances. Sa présence dans les activités parascolaires de l'enfant ne peut que l'aider à éviter l'échec.» L'oratrice étaye ses propos par une exposition de quelques expériences conduites dans des écoles où la musique est recommandée comme exercice scolaire et parascolaire. Dalila Arezki, professeur à l'université de Tizi Ouzou, estime, elle, «qu'il y a nécessité de repenser le milieu scolaire en fonction des besoins réels de l'apprenant.»