Stefan Füle, commissaire européen en charge de l'élargissement, sera à Alger le 18 mai pour de nouvelles discussions sur la mise en œuvre de l'accord d'association. Les réformes «politiques» et les mesures économiques annoncées par Bouteflika lors du Conseil des ministres du 2 mai dernier n'ont pas trouvé d'espace dans le discours de Laura Baeza, ambassadeur, chef de la délégation de l'Union européenne en Algérie, prononcé, lundi soir à l'hôtel Sheraton, à la faveur de la célébration de la Journée de l'Europe. Habituellement, les diplomates européens «aiment» bien saluer «les efforts» de réformes qui vont «dans le bon sens». Laura Baeza a, par contre, évoqué, presque avec insistance, les changements, qualifiés d'historiques, dans certains pays méditerranéens. Le changement se fait, selon elle, dans la douleur en Libye et en Syrie. Elle a estimé que l'Union européenne (UE) ne peut pas rester indifférente au sort de ses voisins, avec lesquels elle entretient des relations étroites de coopération depuis 1979. «Dans un premier temps, l'Union européenne a condamné l'usage de la violence contre les populations civiles en appelant au respect des libertés et des droits des citoyens. Puis, suite à l'ampleur des événements, l'UE a appelé à la mise en place d'un processus de transition», a-t-elle dit. Elle a évoqué l'action de l'UE dans le soutien des personnes déplacées en Libye et «le soutien rapide» accordé à la Tunisie pour développer les zones frappées de pauvreté. Laura Baeza a également souligné le gel des avoirs extérieurs des dirigeants libyens et syriens en raison des massacres commis dans ces pays contre les civils. «Notre place est aux côtés de ceux qui revendiquent la liberté politique et le respect de la dignité humaine. Aucune ambiguïté n'est envisageable de la part de l'Union européenne. Un régime qui tire sur sa population n'a pas de place dans le concert des nations», a-t-elle dit, la voix haute, en reprenant José Manuel Barroso, président de la Commission européenne. Selon elle, l'UE va adopter une nouvelle approche politique avec ses voisins du Sud après les révolutions arabes. «Il s'agit du ‘Partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le sud de la Méditerranée'. Cette démarche constitue un saut qualitatif dans les relations de l'UE avec ses voisins», a-t-elle indiqué. La nouvelle approche est basée sur trois axes : soutien à la mutation démocratique, partenariat étroit avec les populations et stimulation de la croissance économique. La diplomate a indiqué que la coopération entre l'UE et l'Algérie avance à «un bon rythme». Elle a annoncé quatre nouveaux programmes d'un montant global de 96,5 millions d'euros qui concernent, entre autres, les secteurs de l'enseignement supérieur, de l'eau et de la santé. Stefan Füle, commissaire européen chargé de l'élargissement et de la politique de voisinage, sera à Alger le 18 mai courant pour continuer les discussions sur l'application de l'accord d'association. Stefan Füle était déjà venu à Alger en mai 2010 pour le même objectif. Autant dire que les choses ne semblent pas avancer. Alger et Bruxelles peinent à fixer une date pour la reprise des négociations sur accord relatif à un calendrier du démantèlement tarifaire. L'Algérie, pour rappel, a demandé le report à 2020 du démantèlement des tarifs douaniers alors qu'à l'origine, cela est prévu en 2017 dans l'accord d'association entré en vigueur en 2005.