La délégation de la Commission européenne en Algérie a changé de statut, et donc d'appellation. C'est désormais la délégation de l'Union européenne en attendant de devenir une véritable ambassade de l'UE. Depuis l'entrée en vigueur du traité de Lisbonne le 1er décembre dernier, les prérogatives des 130 délégations de l'UE dans le monde se sont vues renforcées. Et la représentation en Algérie est directement concernée. Dans un discours prononcé lundi soir à l'hôtel Sheraton à cette occasion, Mme Laura Baeza, ambassadeur de l'UE à Alger, a développé les principaux changements qui seront induits par le traité de Lisbonne. “Même s'il ne change pas fondamentalement l'architecture institutionnelle de l'UE, il apporte des changements en profondeur et lui fournit les moyens et un cadre institutionnel plus approprié pour affronter le monde actuel”, a déclaré la diplomate qui justifie plus loin cette étape stratégique. “Un monde en pleine évolution, caractérisé par la mondialisation, la crise financière et économique, le réchauffement climatique, l'approvisionnement énergétique et les problèmes sécuritaires… aucun Etat membre n'est en mesure d'affronter seul tous ces nouveaux défis, seul un effort collectif à l'échelle européenne permettra d'y faire face et de répondre pleinement.” Evoquant les nouvelles prérogatives de l'UE, Laura Baeza affirme que la Commission européenne verra le nombre de ses commissaires réduit de 27 à 18 à partir de 2014. “Il n'y aura plus un commissaire par pays comme c'est le cas actuellement”, a-t-elle expliqué. Quant au retrait de l'union, le traité de Lisbonne prévoit “pour la première fois la possibilité pour un Etat membre de se retirer de l'Union”. Abordant les droits et les valeurs de l'UE, l'ambassadeur a indiqué que le traité de Lisbonne “renforce les valeurs et les objectifs sur lesquels repose l'Union européenne, à savoir la démocratie, l'Etat de droit, l'universalité des droits de l'Homme et des libertés fondamentales, le respect de la dignité humaine l'égalité et la solidarité”. Laura Baeza souligne que le texte préserve, par ailleurs, les “droits existant en matière de libertés aux citoyens, tout en introduisant de nouveaux”. Il garantit, a-t-elle dit, les libertés et principes énoncés dans la charte des droits fondamentaux et leur confèrent une valeur juridiquement contraignante pour 25 Etats membres, le Royaume-Uni et la Pologne bénéficiant d'une dérogation quant à son application. Dans le domaine de la politique étrangère, l'ambassadeur a fait remarquer que deux nouveaux postes ont été créés pour renforcer et donner plus de cohérence et de visibilité à l'UE. Il s'agit, d'une part, du président du Conseil européen avec un mandat de deux ans et demi renouvelable. Il représentera l'Union sur la scène internationale et présidera les réunions du Conseil. L'ambassadeur a rappelé que le sommet informel des chefs d'Etat et de gouvernement, qui s'est tenu le 19 novembre dernier à Bruxelles, avait nommé M. Herman Van Rompuy à ce poste. Laura Baeza a également annoncé que Mme Catherine Ashton vient d'être désignée au poste de haut représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. “Mme Ashton a pris désormais en charge la diplomatie et les affaires de défense et de sécurité de l'UE. Elle dispose pour cela d'un service extérieur qui coiffera l'ensemble des 130 délégations de l'UE à travers le monde. Notre représentation en Algérie est concernée par ces changements”, a-t-elle expliqué. La diplomate a poursuivi son allocution en parlant d'autres aspects du traité de Lisbonne tels que la base juridique spécifique pour l'aide humanitaire. “Une disposition qui insiste sur le respect du droit international ainsi que des principes d'impartialité de neutralité et de non-discrimination”, avant de rappeler que l'UE est le plus grand donateur d'aide au monde et qui intervient partout pour apporter son soutien par le biais de son office d'aide d'urgence et humanitaire Echo. Laura Baeza a conclu en affirmant que le traité permet “à l'UE d'occuper la place qu'elle mérite sur le plan international en tant que première puissance commerciale et l'un des plus importants pôles économiques du monde”. Cependant si les objectifs globaux réunissent l'unanimité, pour les intérêts économiques, le consensus ne sera pas toujours évident.