L'Association mondiale des journaux (Wan-Ifra), l'Institut des médias de l'Afrique du Sud (MISA), l'Unesco, le Forum des éditeurs africains (TAEF) et le gouvernement namibien ont, le 4 mai dernier, saisi l'occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, du 20e anniversaire de la Déclaration de Windhoek ainsi que du 4e anniversaire de la Déclaration de Table Mountain (DTM) pour faire le point sur la situation de la presse en Afrique. Windhoek (Namibie). De notre envoyé spécial Et c'est précisément Windhoek, capitale de la Namibie, que les professionnels des médias africains ont choisi pour tenir leur conférence. Celle-ci s'est étalée sur trois jours et a abordé pratiquement tous les aspects inhérents aux médias africains. La Journée mondiale de la liberté de presse a, rappelle-t-on, été instaurée par l'Assemblée générale des Nations unies en décembre 1993 après la tenue d'un séminaire pour le développement d'une presse africaine indépendante et pluraliste. Ce séminaire s'était déroulé à Windhoek (Namibie), en 1991, et a conduit à l'adoption de la Déclaration de Windhoek sur la promotion de médias indépendants et pluralistes. Cette déclaration, toujours d'actualité, exige l'établissement, le maintien et la promotion d'une presse pluraliste, libre et indépendante et met l'accent sur l'importance d'une presse libre pour le développement et la préservation de la démocratie au sein d'un Etat, ainsi que pour le développement économique. Depuis, la Journée mondiale de la liberté de presse est célébrée le 3 mai de chaque année, date à laquelle la Déclaration de Windhoek a été adoptée. Qu'en est-il donc de la situation des médias en Afrique, 20 ans après la déclaration de Windhoek ? Pour répondre à cette question aussi ambitieuse que complexe, les organisateurs de la rencontre – à laquelle ont participé des journalistes venus des quatre coins du continent africain – ont invité d'éminents spécialistes, à l'image du professeur Guy Berger, chef du département de journalisme de l'Université de Rhodes (Afrique du Sud), du professeur Alaphia Wright, directeur et représentant des Nations unies pour la Namibie, de Olufolahan Omotoso Adeleke, directeur de recherche à Open Democracy Advice Centre (ODAC) et de Mariette Hanekom, chef de département de la justice pénale et des études juridiques à l'Ecole polytechnique de la Namibie. Les membres du TAEF, organisation qui rassemble des éditeurs de presse et des journalistes africains, ont également présenté des rapports détaillés sur l'état de la presse dans leur région respective. Même si globalement l'état de la liberté d'expression et de la presse sur le continent soit encore peu reluisant, le professeur Guy Berger, qui a eu la lourde tâche de donner une vue d'ensemble sur la question, a estimé néanmoins que les conditions dans lesquelles évolue aujourd'hui la presse sont «meilleures» qu'elles ne l'étaient il y a 20 ans, au moment de l'élaboration de la Déclaration de Windhoek. «La déclaration de Windhoek nous a propulsés, mais il n'est pas question de faire du surplace ou revenir en arrière», a soutenu M. Berger, qui a mis l'accent sur la nécessité notamment de renforcer la diffusion d'Internet et d'en finir avec la criminalisation du délit de presse et l'emprisonnement des journalistes. Le dernier point soulevé par le professeur Berger concernant l'urgence de dépénaliser le délit de presse a fait consensus parmi les présents dans la mesure où très nombreux sont encore les pays en Afrique où le délit de presse peut conduire en prison. Plus inquiétant encore : il apparaît que comparativement à d'autres régions du monde, l'Afrique reste à la traîne en matière de liberté de presse. Ce constat malheureux a d'ailleurs convaincu les responsables de l'Association mondiale des journaux (Wan-Ifra) de mener, dès cette année, une campagne continentale en partenariat avec TAEF pour vulgariser la Déclaration de Table Mountain et d'arrêter un certain nombre d'actions en vue d'amener les gouvernements des Etats africains à améliorer les conditions des journalistes et à supprimer les lois liberticides. A ce propos, il est attendu que les journalistes d'Afrique du Sud, de Namibie (1er pays africain en matière de liberté de presse selon le classement de RSF), du Ghana, du Liberia et de certains Etats de l'Afrique de l'Ouest comme le Niger, des pays qui viennent d'enregistrer des avancées considérables en matière de liberté de presse (ils ont notamment dépénalisé le délit de presse), jouent un rôle de premier plan dans cette campagne. A signaler que les participants à la conférence ont rendu un vibrant hommage à la jeunesse tunisienne pour son courage et les sacrifices consentis pour briser les chaînes de la dictature