La déclaration de la Montagne de la Table en appelle aux chefs d'Etat africains pour qu'ils abolissent les lois sur la diffamation criminelle et l'insulte. Les défenseurs de la liberté de la presse en Afrique se mobilisent pour l'abolition des lois sur la diffamation criminelle. D'éminents défenseurs de la liberté de la presse en Afrique se sont réunis au Kenya, la semaine dernière, pour apporter leur soutien à la déclaration de la Montagne de la Table, une campagne en faveur de la liberté d'expression organisée par l'Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d'information (WAN-IFRA). Dans un communiqué de presse, les éditeurs de médias d'information ont souligné la nécessité d'abroger le délit de presse en Afrique. La question a été au centre des débats lors de la réunion inaugurale du comité directeur de la campagne, qui a eu lieu à Nairobi les 1er et 2 septembre, regroupant éditeurs, journalistes et défenseurs de la liberté d'expression. «La création d'un comité directeur, composé de certains des plus grands défenseurs de la liberté de la presse en Afrique, va donner à cette campagne indispensable l'impulsion requise pour la placer à l'avant-garde de la liberté de la presse en Afrique», a déclaré Omar Belhouchet, directeur du quotidien algérien El Watan et membre du comité. «Nous avons pris l'engagement d'encourager les dirigeants africains qui croient en une presse libre et, en définitive, au développement économique et social, à signer la déclaration», a-t-il ajouté. La déclaration de la Montagne de la Table, qui a récemment reçu le soutien de l'archevêque Desmond Tutu, en appelle aux chefs d'Etat africains pour qu'ils abolissent les lois sur la diffamation criminelle et l'insulte et promeuvent les standards de liberté de la presse les plus élevés. Elle a été adoptée au Cap (Afrique du Sud) par la WAN-IFRA et le World Editors Forum lors de leur réunion annuelle en juin 2007. Pour l'heure, le Ghana est le seul pays africain à avoir entièrement aboli les lois sur la diffamation criminelle et l'insulte. Une poignée d'autres pays les ont partiellement décriminalisées. Raymond Louw, le principal rédacteur de la déclaration, pense qu'elle est encore plus importante aujourd'hui qu'en 2007, en raison des récentes démarches faites par Jacob Zuma, président de l'Afrique du Sud, pour prendre des dispositions lourdes de conséquences qui mettraient le gouvernement à l'abri du travail de la presse et criminaliseraient des activités essentielles au journalisme d'investigation. Dans la liste des membres du comité directeur figurent notamment les noms de Cheriff Sy, directeur de la publication Bendré au Burkina Faso et président adjoint de l'African Editor's Forum, Albert Twizeyimana, journaliste à Radio Rwanda et fondateur de Journalistes Libres (JOLI), et Gitobu Imanyara, avocat des droits de l'homme, fondateur du Nairobi Law Monthly et membre du parlement kenyan. «Depuis l'adoption de la déclaration de Chapultepec de l'IAPA en faveur de la liberté d'expression, 15 pays du continent américain ont voté des lois sur la liberté d'information et dix ont abrogé celles concernant l'insulte. Les dirigeants africains devraient signer la déclaration de la Montagne de la Table et adopter de toute urgence des lois garantissant une presse libre», a souligné Alejandro Aguirre, président de l'Inter American Press Association. Il est à rappeler que la l'Association mondiale des journaux et des éditeurs de médias d'information, la WAN-IFRA, a le statut d'organisation représentative de la presse aux Nations unies, à l'Unesco et au Conseil de l'Europe. Elle représente plus de 18 000 publications, 15 000 sites web et plus de 3000 sociétés dans plus de 120 pays. L'association est issue de la fusion de l'Association Mondiale des Journaux et de l'IFRA, l'Organisation mondiale de recherche et de services pour l'industrie de la presse.