Une source digne de foi a sommairement estimé que plus de 600 logements de fonction, tous secteurs confondus, sont occupés de manière illégale ou carrément détournés par des personnes à l'abri du besoin. Sur la liste des noms énumérés par notre source, figurent des personnes qui n'ont jamais exercé dans le secteur dont dépendent ces logements. D'aucuns se demandent, à juste titre, s'il ne s'agit pas là d'un véritable marché où les complicités ne se limitent pas au niveau des responsables de seconde zone. Notre source a indiqué que sur les 400 unités attribuées récemment dans le cadre du Fonds national des péréquations des œuvres sociales (Fnpos), des dizaines de bénéficiaires employés dans des secteurs de la fonction publique qui refusent pour plusieurs raisons de quitter leurs logements, ont déjà opté pour la sous-location. Les opérations de désistement ne sont pas pour atténuer, un tant soit peu, de cette cupidité, encouragée par des défaillances certaines dans la gestion du parc immobilier à Souk Ahras. L'attribution des logements socio-locatifs (LSL) qui se fait attendre depuis 2005, intensifie la crise et alimente la colère des citoyens. Le logement socio-participatif (LSP) qui a montré ses limites dans cette wilaya, est à l'image d'une carotte au bout d'une perche : dès que le souscripteur tend la main pour récupérer les clés de son appartement, l'on demande sans vergogne un apport supplémentaire pour n'importe quel motif. « J'attends depuis six ans mon logement, je ne suis pas sûr de l'avoir même si l'on double la durée de mon attente », nous lance un souscripteur. La forte spéculation que connaît le secteur a donné naissance à des circuits semi-informels, aguerris dans le domaine et résolument décidés à ne point changer de comportement. Le phénomène des bidonvilles suscite, à ce titre, moult interrogations quant aux véritables « propriétaires » du marché. A Ibn Rochd, une vente aux enchères de trois baraques de construction récente s'est faite au vu et au su des citoyens de ce quartier populaire, et les acquéreurs ont déboursé chacun une somme d'argent variant entre 160 000 DA et 180 000 DA. « Je vous vends un appartement parce que je suis sûr que de ce côté on reloge les gens des bidonvilles. Si vous n'êtes pas pris sur la liste des logements sociaux, j'interviendrai moi-même sinon je vous rembourse votre argent », a solennellement déclaré le vendeur de la baraque. Qui dit mieux ?