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«Il faut tirer la sonnette d'alarme sur les plantes qui nous arrivent d'ailleurs»
Abdelmalik Belkhiri et Abdelkrim Cheriti . Fondateurs du Réseau algérien des experts en plantes médicinales
Publié dans El Watan le 13 - 05 - 2011

Un réseau algérien des experts en plantes médicinales s'est constitué à l'issue du séminaire sur les plantes médicinales, les 19 et 20 avril dernier, à l'université de Ouargla, sur une idée des professeurs Abdelmalik Belkhiri et Abdelkrim Cheriti. Ce réseau compte présenter aux pouvoirs publics un avant-projet de réglementation sur la commercialisation des plantes médicinales et compléments alimentaires. Car l'Algérie est devenue ces dernières années un marché ouvert à toutes sortes de produits à base de plantes vendus sans aucun contrôle préalable à l'importation.
-Quel est l'état actuel des connaissances dans le domaine des plantes médicinales en Algérie ?
Abdelmalik Belkhiri.Il y a eu des initiatives individuelles et régionales, des enquêtes sur le terrain tout au long des vingt dernières années afin de réunir des informations sur la flore nationale, mais ce sont des efforts locaux. Les travaux restent à l'échelle des publications scientifiques et le cordon est coupé entre la recherche scientifique et les acteurs du terrain, c'est-à-dire les herboristes et les tradi-praticiens.
Abdelkrim Cheriti.Un point positif toutefois, cette intégration de chimistes, biologistes ou botanistes dans le monde des plantes aromatiques et médicinales à travers les laboratoires de recherche qui s'intéressent à la valorisation des substances des plantes. Et puis la prise en compte du volet environnemental, un effet de mode. Notre communauté scientifique est vivante et à la page, mais éparpillée faute de stratégie nationale. En 2007, nous avons créé à Béchar le Réseau algérien des substances bioactives et photochimiques mais l'initiative n'a pas reçu l'engouement voulu. Aujourd'hui, un groupe de chercheurs, venant de plusieurs universités du pays, a manifesté sa volonté de constituer un réseau de travail sur la question des plantes médicinales et de la médecine traditionnelle et nous espérons intéresser les décideurs à une démarche de réglementation.
-Pour résumer la situation, nous avons des chercheurs qui travaillent seuls dans leur laboratoire, des décideurs qui laissent faire et un marché effervescent avec des produits non contrôlés ?
Abdelmalik Belkhiri.Les actions entreprises jusqu'à aujourd'hui n'ont pas réussi à converger vers une stratégie nationale. L'intérêt de la rencontre de Ouargla est son timing dans un contexte propice où les chercheurs ont décidé de devenir une force de proposition. Nous avons décidé d'organiser des ateliers spécifiques, une rencontre entre septembre et décembre 2011. Chacun aura, d'ici là, récolté le maximum d'informations dans sa région, nous définirons des objectifs et des actions avec des échéanciers.
-Qu'y a-t-il à faire concrètement ?
Abdelkrim Cheriti.Le premier défi est de se réunir, d'identifier le potentiel humain qui travaille dans ce domaine, du botaniste jusqu'au toxicologue, essayer d'élaborer une approche pour mieux organiser les enquêtes ethno-pharmacologiques, recenser les plantes, leur usage, tout ce qui concerne leur utilisation. Vous savez, les informations restent cantonnées dans les régions, nous n'avons aucune cartographie nationale des plantes médicinales. Il faudra donc élaborer un protocole d'approche ethno-pharmacologique puis une base de données reposant sur les études bibliographiques nationales existantes. Cette banque de données va nous permettre de dresser un fichier central pour chaque plante recensée en Algérie. Et nous demanderons aux autorités sanitaires d'instituer un comité d'experts qui prendra comme base de travail notre banque de données pour se prononcer officiellement et dresser un listing des plantes pouvant être utilisées par l'industrie pharmaceutique uniquement, et un listing national des plantes sans danger, commercialisables en herboristerie. Enfin, nous demanderons aux autorités d'élaborer un cadre réglementaire pour combler le vide juridique existant.
-Les données sont-elles suffisantes pour constituer une banque de données nationale ?
Abdelkrim Cheriti.Des enquêtes ethno-pharmacologiques ont été menées dans des régions ciblées, comme El Bayadh, Constantine, Ouargla et en Kabylie. Le réseau nous permettra de connaître l'état actuel de ces connaissances et de lancer des enquêtes dans les zones non couvertes. C'est une tâche de longue haleine. Dans vingt ans nous aurons cerné le sujet, mais il faut commencer aujourd'hui.
-Le recours grandissant à la médecine traditionnelle serait pour vous une mode. Mais ne croyez-vous pas que la paupérisation de la population a accentué ce phénomène ?
Abdelmalik Belkhiri.Oui, s'il y a un engouement mondial pour les médecines douces et les plantes médicinales, un retour vers la terre, le contexte socioéconomique y est aussi pour beaucoup. De plus, en Algérie, on a tendance à croire que tout ce qui est naturel ne peut pas nuire. Malheureusement, ce n'est pas le cas et les scientifiques peuvent témoigner des dangers des plantes. Nous pensons que les plantes doivent rester dans le domaine pharmaceutique, et nos savants doivent apporter une contribution active à minimiser ces dangers et tirer profit des plantes en validant leur usage. C'est un secteur en effervescence en Algérie, où le marché est soumis à des importations de Chine, mais aussi d'autres pays, qui passent sans contrôle et sont facilement commercialisées. Ce qui se passe en Europe doit nous interpeller. En plus des plantes médicinales, les compléments alimentaires foisonnent et peuvent provoquer des effets secondaires très importants en interagissant avec des médicaments. On a le cas évident du millepertuis, actuellement en vente libre en pharmacie sous une présentation analogue à un médicament sans notice. Actuellement, l'Algérie tolère la vente de ces produits vendus en l'absence d'une réglementation permettant de les consommer en sécurité.
Abdelkrim Cheriti.La première réglementation en Europe remonte à 2004. Elle est toute récente et concerne notamment ce qu'on appelle les agents alimentaires. Nous ne sommes pas vraiment en retard, mais il faut tirer la sonnette d'alarme et se pencher sur les plantes ou les aliments qui nous arrivent d'ailleurs. Les rhizomes de zandjabil (gingembre), par exemple, se vendent partout, tout le monde s'en sert. Il est vrai que les Chinois sont très développés dans ce domaine, mais on ne connaît pas assez bien leurs plantes, il y a des confusions avérées.
-Quel est le véritable danger de ces produits ? Le fait qu'ils soient consommés comme compléments alimentaires ou comme remède à des maladies chroniques ?
Abdelmalik Belkhiri.Ces produits importés sont assimilés à des aliments ordinaires, ils ne sont soumis à aucun contrôle quant à leur innocuité, leurs effets à long terme alors qu'ils sont conseillés pour un usage prolongé, sans explication sur le dosage, l'interaction, les effets secondaires. En Europe, une directive a été promulguée en 2004 pour faire la distinction entre les médicaments en général et ceux de tradition européenne qui ont fait leurs preuves au fil des siècles et sont commercialisés sans études cliniques. En Algérie, la réglementation concernant les produits pharmaceutiques est aussi valable pour les médicaments à base de plantes et c'est là qu'il faut agir : la réglementation constitue un handicap majeur pour ceux qui veulent s'investir dans ce créneau, car si on veut commercialiser des médicaments à base de plantes, il faut fournir des études cliniques et c'est impossible. On souhaiterait un alignement sur la réglementation européenne et un enregistrement aménagé ou simplifié pour les plantes ou produits de médecine traditionnelle utilisés depuis des siècles dans nos régions sans qu'il y ait des études cliniques poussées.
Abdelkrim Cheriti.Il y a actuellement deux sortes de produits, soi-disant d'origine végétale, sur nos étals : ceux importés d'Asie et ceux d'Afrique. On doit avoir une réglementation stricte à appliquer au niveau des aéroports et des ports. On trouve aussi des produits aberrants, de mon point de vue de scientifique, comme ces huiles à base de plantes aux propriétés prétendues. La situation est intolérable.
-Après un premier échec dans votre tentative de contact avec le ministère de la Santé, qu'est-ce qui vous motive à recommencer ?
Abdelmalik Belkhiri.Vous savez, les plantes médicinales sont un domaine d'experts. Les autorités publiques du pays, à travers le ministère de la Santé, se sont prononcées pour l'intégration de cette médecine. Reste notre travail en tant qu'experts et une proposition claire et bien ficelée pour faire avancer les choses. Il faut définir des notices de médicaments pour permettre au médecin de prescrire une ordonnance et travailler sur le contrôle-qualité : comment peut-on contrôler une plante dont on ne connaît pas les principes actifs ?
Abdelkrim Cheriti.En Chine, l'intégration de la médecine traditionnelle et moderne s'est faite il y a longtemps et les exemples existent. La formation de nos pharmaciens n'intègre pas la pharmacognosie (pharmacie de la matière végétale et minérale utilisée dans notre médecine traditionnelle). Mais maintenant ça existe, et c'est le premier noyau de cette introduction-valorisation de notre médecine traditionnelle. Après viendra la réglementation.
-Et ce sera donc au médecin de prescrire de la menthe ou de l'armoise, et au pharmacien de la servir ? Mais l'Ordre national des médecins s'est déjà prononcé sur le sujet et clame son appartenance à une médecine moderne…
Abdelmalik Belkhiri. Je pense que c'est un problème de formation. Nos médecins ne sont pas formés en phytothérapie et c'est une aberration. Il faut que cet état de fait cesse et que nous avancions sur ce point. Il faut des initiatives personnelles et de la bonne volonté, notre pays en a besoin. C'est la base qui doit proposer et c'est aux autorités de réglementer.
Abdelkrim Cheriti.Les médecines douces sont une tendance mondiale et pas seulement une nécessité économique due à la pauvreté ! Nous ne serons pas les premiers à les reconnaître, d'autant plus que nous avons une tradition algérienne ancrée. Pour les plantes médicinales, nous pouvons aussi développer le volet cosmétologique et valoriser la synthèse organique. Selon l'OMS, 80% de la population mondiale ont recours à la médecine douce. Les Allemands sont très forts dans la valorisation photochimique des plantes. En tant qu'Algériens, nous aurions tort de dénigrer ou d'ignorer notre biodiversité qui ouvre au pays d'immenses perspectives.


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