Les rapports se gâtent entre Algérie Télécom et les propriétaires des taxiphones de la commune de Béjaïa. Ces derniers ont dénoncé, au cours d'une assemblée générale tenue lundi dernier, le recours aux « coupures abusives » des lignes qu'ils exploitent. Les débats feront état de la mise en application de cette mesure « punitive » par Algérie Télécom pour cause de commercialisation dans les KMS de produits autres que ceux autorisés par la convention, plus particulièrement la mise en service des appels par le portable. D'après l'un des membres du bureau du syndicat de la corporation affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), « l'abus » en question se traduirait par le non- respect de la part de l'opérateur public des termes de la convention qui prévoiraient « en premier lieu la saisie par écrit du gérant du kiosque, suivie d'une mise en demeure pour enfin, en cas de refus de surseoir à la vente du produit ne figurant pas sur l'intitulé des produits autorisés, procéder à la coupure des lignes allouées ». Les autres intervenants motiveront la mise en service de portables par le fait que, compte tenu du nombre important d'abonnés aux différents opérateurs, il constitue la plus grande part du chiffre d'affaires réalisé. Et « l'impossible » connexion du poste fixe vers le portable rend incontournable l'utilisation d'un téléphone mobile au niveau des taxiphones. Ils seront nombreux à exprimer « leur crainte de mettre la clef sous le paillasson » si l'interdiction de cette activité leur est maintenue ; la prolifération des KMS aurait fait chuter sensiblement les recettes. Pour certains, celles provenant du service du fixe ne « couvrent même pas les charges locatives ». Samir Mamasse, coordinateur du bureau communal de l'UGCAA, nous apprend qu'Algérie Télécom a été sollicitée pour révision de la convention. Celle-ci est promulguée en 1991, « à une époque où les PTT avaient le monopole de la téléphonie », tient à préciser notre interlocuteur. Le texte a été « reconduit en 2003 sans aucune retouche », alors que le monopole a été cassé avec l'apparition des opérateurs privés. La révision est « impérative », l'évolution du secteur des télécommunications « l'impose ». Il n'est en sorte demandé qu'une intégration de l'usage des appels du portable et la commercialisation de puces, charges et mobiles. La chambre du commerce de Béjaïa « n'en verrait pas d'inconvénient », dira un autre membre du bureau de l'UGCAA, exhibant une nomenclature des activités que leur autorise le registre du commerce dont le contenu « tous services de téléphone ». Pour M. Mamasse, Algérie Télécom doit les associer en partenaires à une révision de la convention qui les lie. Ce souhait est ponctué d'une menace de « faire appel à la solidarité des autres corporations » si leurs doléances ne sont pas étudiées.