Le directeur de la Bibliothèque nationale (BN), le docteur Amine Zaoui, a animé jeudi, au centre culturel M'hamed Yazid d'El Khroub une conférence-débat sur « Le livre et l'écriture ». Cette première initiative a été organisée par le nouveau Conseil culturel communal (CCC), présidé par l'ex-ministre de la Santé, le professeur Aberkane. Devant une faible assistance, le président du CCC a prévenu que « son institution s'inscrit dans le prolongement de l'association ville-santé ». Bref, prenant la parole, le directeur de la BN brossera un tableau des plus sombres quant à l'état des lieux de ce secteur. Il dira en substance que « l'Algérie qui possédait dans les années 1970, 560 bibliothèques communales répondant aux normes se sont réduites comme une peau de chagrin pour descendre à 20 en 1990 ». Il citera en exemple la ville d'Oran qui « possède une seule bibliothèque pour une population estimée à plus d'un million d'habitants ». L'édition du livre n'a pas échappé aux critiques de l'orateur qui « estime que leur nombre des maisons se compte sur les doigts d'une seule main. Quant au reste, ce ne sont que des imprimeurs qui éditent dans l'anarchie afin d'échapper au contrôle par le fisc de leur tirage ». Les salles qui faisaient office de bibliothèques scolaires « se sont transformées dans 93% des cas en salles de prière et de réunion », ajoute Zaoui qui avoue avoir vu « des livres d'horreur » ; référence bien entendu au livre religieux qui pollue l'environnement livresque. La cherté du livre et les taxes sur le papier d'impression ont été également soulevés. A ce sujet, le conférencier préconise « une coordination entre les différents consommateurs-utilisateurs qui recourent à l'importation du livre », comme il regrette « la disparition de l'ex-SNED et de son réseau de librairies qui se sont transformées en pizzeria et autres fast-foods ». Les intervenants dans le débat ont abordé les problèmes liés à la lecture dans un monde dominé par l'audiovisuel et les nouvelles technologies de l'information et de la communication d'autant que « l'oralité, en crise, constitue le mode d'expression dominant de notre peuple », fera remarqué le sociologue A. Merdaci. Une universitaire insistera sur l'apprentissage au goût de la lecture depuis la famille et relève la rareté du livre pour enfants. Un étudiant fraîchement sorti de l'université activant dans une association d'astronomie assène la sentence : « Il y a un nombre effarant d'étudiants qui n'ont jamais mis leurs pieds à la bibliothèque de l'université ! » Ainsi prend fin la rencontre dont le nombre des présents s'est réduit au fur et à mesure. La question du livre et de la lecture reste posée... au même titre que celle relative à l'inauguration de l'action culturelle du CCC : s'agit-il réellement de culture ou de l'inauguration de la prochaine campagne électorale 2006... ?