Amnesty International (AI) a dénoncé, hier, l'arrêt de condamnation prononcé, mercredi dernier contre les quatorze militants sahraouis des droits humains, par le tribunal d'El Ayoun, territoire occupé du Sahara-Occidental, mettant « en doute la justesse de ce procès », selon un communiqué de cette ONG rendu public. La cour d'appel d'El Ayoun avait prononcé en effet des peines d'emprisonnement allant de 7 mois à 3 ans contre les militants des droits humains sahraouis, rappelle-t-on. AI justifie ces doutes par la condamnation des prisonniers sans prendre en considération les dépositions des accusés qui avaient refusé, selon le collectif de la défense, de signer des « aveux », lors de leur détention provisoire, et contesté les charges retenues contre eux lors du procès. « Les avocats de la défense ont demandé à faire citer des témoins, notamment ceux à même de contester les déclarations des policiers, mais la cour a rejeté leur requête », selon AI. Qualifiant ce procès d'« inique », le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a lancé un appel aux gouvernements et aux organisations des droits de l'homme à exercer toutes les pressions sur le gouvernement marocain, afin de libérer immédiatement tous les prisonniers politiques sahraouis, qui purgent des peines de détention arbitraires ou ceux qui croupissent dans les geôles marocaines sans jugement. Le gouvernement sahraoui réaffirme que ces pratiques illégales ne prendront fin que par l'instauration de la légalité au Sahara-Occidental et par le respect de la volonté du peuple sahraoui pour la liberté et l'indépendance, à travers l'organisation rapide d'un référendum libre, juste et transparent sous les auspices de l'ONU. M. Abdelaziz a en outre indiqué que l'enlèvement et la détention de ces prisonniers sahraouis « sont illégaux et n'ont aucun fondement juridique », ce qui appelle logiquement et de toute urgence à leur libération « sans conditions ». Ces détenus n'ont commis aucun délit sauf qu'ils ont réclamé, par des moyens pacifiques et légaux, l'exercice du peuple sahraoui de son droit à l'autodétermination, un droit qui lui est garanti par l'ONU depuis les années 1960 et le respect des droits les plus élémentaires, a-t-il précisé. Il a souligné, par ailleurs, que « les procès du tribunal de l'occupant contre des citoyens qui réclamaient l'autodétermination et l'indépendance de leur pays ne peuvent être qu'un prolongement des pratiques répressives qu'exerce le gouvernement marocain depuis son invasion du Sahara-Occidental en 1975 ». A ce titre, pour sa part, le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Oumar, a appelé la communauté internationale à dépêcher une commission d'enquête internationale pour s'enquérir de la situation des droits de l'homme dans ces territoires, menacés par le déploiement intense de soldats marocains en civil dans la capitale occupée, El Ayoun. A noter que le Front Polisario a reçu le Prix international des droits de l'homme 2005, décerné par l'Association espagnole pro-droits humains, pour son action politique et sa résistance permanente, durant 30 ans en faveur du droit à l'autodétermination du peuple sahraoui.