Reporté le 22 novembre à la demande des avocats de la défense pour pouvoir prendre connaissance de leurs dossiers, le procès des 14 Sahraouis, accusés pour la plupart de participation et d'incitation à des protestations violentes, ainsi que d'appartenance à une association interdite, aura lieu demain devant la cour d'appel d'El Ayoun (capitale du Sahara-Occidental). Amnesty International a exprimé, hier, dans un communiqué, « son inquiétude » quant au sort de sept parmi ces accusés qui sont les plus importants défenseurs des droits humains, incarcérés depuis fin mai dans la Carcel negra (prison noire) d'El Ayoun (Sahara-Occidental occupé). Qualifiés par AI de « prisonniers d'opinion », ces sept personnes sont Aminatou Haidar, Ali Salem Tamek, Mohamed El Moutaouakil, Houssein Lidri, Brahim Noumria, Larbi Messaoud et Hmad Hammad. Ils ont tous été arrêtés durant les manifestations qui se sont déroulées entre mai et juin 2005 dans les villes des territoires occupés du Sahara-Occidental. Pour Amnesty International, les autorités marocaines se sont acharnées sur ces prisonniers « en raison de leur action déterminante pour la défense des droits fondamentaux et de leur prise de position publique en faveur de l'autodétermination du peuple sahraoui ». « Ils ont contribué pour une large part à rassembler et diffuser des informations concernant les violences commises par les forces marocaines contre des Sahraouis, dans le cadre de manifestations organisées depuis mai 2005 à El Ayoun et dans plusieurs autres villes au Maroc et au Sahara-Occidental », souligne AI qui a décidé d'envoyer un observateur au procès des ces derniers. Pis, selon AI, deux d'entre eux affirment avoir été torturés au cours de leur interrogatoire. Amnesty international, qui a publié en août dernier un rapport détaillé sur la répression marocaine à l'encontre des défenseurs des droits de l'homme au Sahara-Occidental, réitère que la majorité des manifestations qui se sont produites dans les villes de cette région depuis mai 2005, appelant à l'indépendance du Sahara-Occidental et au soutien du Front Polisario, ont été réprimées par la force par les autorités marocaines. Par ailleurs, le Front Polisario a réaffirmé, hier, lors de la session extraordinaire de son secrétariat national, que la solution du conflit au Sahara-Occidental passe inéluctablement par le respect des plans approuvés par le Conseil de sécurité, et donc par l'organisation d'un référendum libre et transparent pour le peuple sahraoui. « En dehors de ce cadre, toute approche ou alternative (...) sera vouée à l'échec et ne fera qu'accentuer les souffrances des deux peuples frères, sahraoui et marocain », affirme le SN du Front Polisario dans un communiqué. Ce dernier a précisé qu'une conférence internationale de solidarité avec le peuple sahraoui se tiendra le 27 février prochain dans les territoires libérés du Sahara-Occidental, soit la date de la commémoration du 30e anniversaire de la proclamation de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Vu son importance, le Front Polisario a mis sur pied une Commission nationale préparatoire tout en dénonçant, par ailleurs, la persistance de « la répression féroce et sans discernement menée par le gouvernement marocain ». Le Front Polisario salue « le courage et l'abnégation des populations civiles sahraouies et leur détermination à poursuivre l'Intifadha pacifique pour l'indépendance ».