L'inculpation du patron du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn (DSK), dans une affaire «d'agression sexuelle, de séquestration et de tentative de viol» remet au goût du jour et non sans fracas «de nouvelles mœurs» politiques dans l'Hexagone, rompant ainsi avec une vieille tradition politique sobre et rigoureuse. L'affaire DSK n'a pas écorné seulement l'image de sa famille politique – le Parti socialiste – qui vient tout juste de célébrer en fanfare le 30e anniversaire de l'arrivée de François Mitterrand au pouvoir, le 10 mai 1981, mais c'est toute l'image de la France qui est sérieusement altérée. Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, n'a pas manqué de le souligner, hier matin, à juste titre. En effet, si DSK était donné favori pour la présidentielle de 2012, il se trouve au cœur d'une affaire des plus scabreuses, il faut dire que depuis un certain nombre d'années, on assiste à une accélération de la «peopolisation» de l'action politique en France. C'est l'homme privé qui est au centre du débat politique au détriment des projets et des programmes. La personnalisation de la vie publique est devenue envahissante et mise au service d'une communication politique. L'image l'emporte sur le verbe et l'émotion prend le pas sur la réflexion, consacrant «la victoire de la séduction sur la conviction», assène le très sérieux quotidien parisien, Libération. Le goût effréné pour l'argent, les rapports avec les femmes et l'étalage de la vie privée des dirigeants politiques dominent les débats publics parisiens. L'arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir a marqué ce tournant dans la vie politique. C'est la politique spectacle. Les médias les plus sérieux se sont prêtés au jeu. Les SMS échangés entre Sarkozy et son ex-femme Cécilia avaient fait la une des magazines. Lors d'un sommet européen à Lisbonne, Sarkozy, dans une conférence de presse, est interrogé par le correspondant du journal Le Monde sur «son divorce d'avec sa femme Cécilia» Les politiques s'invitent donc sur le terrain des stars de cinéma et de la musique et c'est la mise en vedette des responsables politiques avec tout ce que cela implique comme conséquences. A gauche comme à droite, rares sont ceux qui y résistent. Les antipeopolisation de la politique sont taxés de«conservateurs», voire même de «réacs». A une année de l'élection présidentielle, les débats risquent fort bien de se «peopoliser». Tout est fait pour que cette élection se joue et se gagne sur ce registre, alors que des secteurs importants de la société française sombrent dans une crise sociale. Une manière de faire de la politique qui profiterait bien à la haute société.