De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Hier matin, le directeur g�n�ral du Fonds mon�taire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, a �t� inculp� � New York pour agression sexuelle, s�questration et tentative de viol. Celui qui �tait donn� favori par la quasi-totalit� des sondages, comme meilleur aux primaires socialistes s�il se pr�sentait et plus encore comme devant l�emporter au deuxi�me tour face � Nicolas Sarkozy, vient de fait, par ces nouveaux ennuis judiciaires consid�r�s comme tr�s graves s�ils �taient av�r�s, de chambouler pour le moins tous les calculs gauche-droite qui se dessinaient pour la pr�sidentielle. En attendant, la prudence est observ�e � gauche, y compris par ses �ventuels adversaires aux primaires ; une partie de la droite se frotte les mains pendant que Marine Le Pen, qui risque de tirer le plus grand profit de cette inculpation, consid�re que DSK est d�j� out. Le Parti socialiste n�avait vraiment pas besoin de cet �pisode gravissime dans la pr�paration de ses primaires en vue de la pr�sidentielle, m�me si certains pr�tendants et concurrents de DSK, et ils sont nombreux, se frottent s�rement les mains : un de moins dans la course, et pas des moindres pr�tendants, celui donn�, jusque-l�, gagnant � tous les coups, celui que beaucoup pr�sentaient comme devant enfin ramener le PS au pouvoir lors de la pr�sidentielle de 2012. Mais quelle est donc cette tuile qui vient chambouler l��difice, d�j� fragile, du Parti socialiste ? Les faits, qui auraient eu lieu samedi, se pr�cisent dimanche : Dominique Strauss-Kahn a �t� inculp� d�agression sexuelle, de s�questration et de tentative de viol quelques heures apr�s son arrestation � l�a�roport Kennedy de New York, apr�s avoir �t� d�barqu� d�un vol Air France en partance sur Paris et juste quelques minutes avant le d�collage, retard� d�ailleurs d�une vingtaine de minutes. L�inculpation de DSK fait suite, selon la police new-yorkaise, � la plainte d�une femme de chambre du Sofitel, o� il s�journait avant son d�part programm� sur Paris puis Berlin o� il devait rencontrer la chanceli�re Merkel et participer lundi � une r�union des ministres des Finances de la zone euro � Bruxelles. La pr�sum�e victime � 32 ans � aurait d�clar� � la police qu�elle �tait entr�e dans la chambre la supposant vide et c�est l� que DSK, sorti nu de la salle de bains, l�aurait agress�e, tent� de la violer et verrouill� la porte pour l�emp�cher de sortir. C�est l� la version de la pr�sum�e victime. Quant au pr�sum� coupable, jusqu�� hier apr�s-midi, il s�est refus� � toute d�claration et son avocat a juste inform� qu�il plaidera non coupable. Ce n�est pas la premi�re fois que DSK se trouve accus� d�agression sexuelle. Nomm� � la direction g�n�rale du FMI en 2007 pour un mandat de 5 ans, d�s 2008, il est l�objet d�une enqu�te interne au FMI pour abus de pouvoir, harc�lement sexuel et favoritisme suite � une liaison extra-conjugale qu�il aurait eue avec la responsable Afrique du FMI. Mais il finit par �tre innocent� de tous ces d�lits, le FMI lui reprochant cependant des erreurs de jugement, en l�occurrence le m�lange vie priv�e et vie professionnelle. Depuis, DSK semblait �tre tr�s prudent et tr�s vigilant mais cela n�a pas suffi au �pr�f�r� des Fran�ais� � gauche mais aussi par beaucoup de droite qui ne voyaient d�ailleurs pas en lui un �socialiste� mais un tr�s bon �conomiste socio-lib�ral qui pouvait sauver l�Hexagone. Cet engouement pour celui qui ne s��tait pas encore prononc� sur sa candidature � la pr�sidentielle de 2012 mais qui ne semblait faire aucun doute, est devenu le cauchemar du futur candidat Sarkozy que de nombreux sondages donnaient perdant face � DSK. La crainte �tait si grande dans le camp de droite qu�il fallait absolument trouver des failles et on la lui trouva : dans une photo publi�e par le Parisien de DSK � c�t� d�une Porsche, et qui a fait les choux gras des t�nors de l�UMP qui ne manqu�rent d�y trouver un futur candidat �bling-bling�, m�me si la voiture haut de gamme ne lui appartient pas. Avec cette nouvelle affaire, m�me si elle n�est pas encore prouv�e, la candidature � la pr�sidentielle en France de DSK est plus que jamais compromise. Mais il n�y a pas que la pr�sidentielle de 2012. Le poste m�me de directeur g�n�ral du FMI semble compromis. D�s hier, certains en appelaient � la �provocation� : on aurait, disent-ils, foment� cette �pseudo-agression �. Qui serait l�organisateur de cette provocation ? Certains avancent des agents du FMI lui-m�me et d�autres le pr�sident fran�ais qui n�a jamais support� que les Fran�ais lui pr�f�rent �quelqu�un qui est loin des terres fran�aises�. En attendant, la classe politique est sous le choc. A droite, certains comme Bernard Debr� enfoncent le clou en d�clarant DSK non fr�quentable alors que d�autres manifestent plus de d�cence. La direction du PS est, quant � elle, sonn�e par ce s�isme et en appelle � la prudence : DSK est pr�sum� innocent et il faut attendre en serrant les rangs � gauche, appelle Marine Aubry, la premi�re secr�taire du PS. Celle qui peut naturellement tirer imm�diatement profit des ennuis de DSK est Marine Le Pen qui n�a pas attendu pour d�clarer hier matin que DSK n�a plus de cr�dibilit� pour �tre candidat en 2012. Cette histoire est venue, en effet, �largir encore le boulevard qui lui a �t� ouvert par Sarkozy il y a quelques mois d�j�.