Les appels à la vigilance des services de prévention de la Protection civile prennent la forme de véritables mises en garde en direction des citoyens après la multiplication des accidents d'asphyxie au monoxyde de carbone. Ces accidents qui prennent de l'ampleur avec l'arrivée des premières vagues de froid sont devenus, depuis quelques années, la première hantise des sapeurs-pompiers. Rien que pour ce mois-ci, l'on a recensé une dizaine d'interventions où l'on déplore le décès de quatre personnes, dont deux enfants, alors que pas moins d'une douzaine de citoyens ont été sauvés, in extremis, d'une mort certaine. Un bilan sinistre d'autant que durant toute l'année 2004, cinq décès par asphyxie ont été enregistrés. Les victimes sont localisées aussi bien dans les quartiers dépourvus de réseau d'alimentation en gaz de ville comme ceux de la rue des maquisards, Aouinet El Foul et El Ménia, que dans les bâtiments récemment réceptionnés à la nouvelle ville Ali Mendjeli. Le lieutenant A. Benzeghba, chef de service des statistiques et de l'information à la direction de la Protection civile, nous explique que les principales causes de ces asphyxies sont dues à la mauvaise évacuation des gaz brûlés à travers les conduits d'évacuation dans les maisons individuelles ou des cheminées dans les immeubles. Dans ce cas précis, l'exemple du bâtiment situé à l'unité de voisinage UV7 de la nouvelle ville Ali Mendjeli est révélateur. Les services de la Protection civile, qui ne manqueront pas de saisir officiellement l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI), affirment avoir décelé des malfaçons dans les constructions de cette unité, notamment au niveau des cheminées qui n'assurent pas une évacuation correcte des gaz brûlés. Cette anomalie aurait pu provoquer la mort de huit personnes ayant inhalé de fortes doses de monoxyde de carbone avant d'être secourus par les pompiers. Par conséquent, l'alimentation en gaz a été suspendue par les services de Sonelgaz jusqu'à correction des anomalies. Le lieutenant Benzeghba rappelle que les émanations du monoxyde du carbone demeurent très toxiques. Le gaz brûlé et instable respiré durant le sommeil, insoluble dans le sang, s'associe à l'oxygène pour donner le dioxyde de carbone CO2 et provoque un état d'inconscience chez la victime avant sa mort lente par étouffement. Notre interlocuteur met en garde les citoyens contre les négligences constatées lors de l'installation des systèmes de chauffage à gaz, alors que certains habitants s'aventurent à mettre chez eux des chauffages dits à filtres sans la moindre évacuation. Ceux-ci se vendent à des prix bas mais ne répondent pas aux normes de sécurité. Côté sensibilisation, la Protection civile, qui vient de lancer une campagne de vulgarisation à travers des émissions sur les ondes de la radio locale ainsi que des pages publicitaires dans certains quotidiens en collaboration avec les services de Sonelgaz, insiste sur l'importance d'aérer les espaces et de prendre le soin de vérifier les conduits d'évacuation avant chaque remise en marche des installations de chauffage et de signaler toute anomalie aux services compétents, car « les petites fuites finissent toujours par provoquer de grands dégâts ».