Un espace qui faisait le bonheur des citoyens et qui est devenu interdit pour des raisons qui ne semblent pas convaincre grand monde. El Aouana, l'un des plus grands sites du littoral algérien, est, depuis peu, occupé par les militaires. La commune, qui se trouve dans la wilaya de Jijel, fait partie du parc national de Taza, et est donc protégée par la loi de 1983. Actuellement, une pétition est en ligne pour sauver le site d'El Aouana. Une lettre a également été adressée au wali de Jijel par un groupe de citoyens de la commune. «Nous attendons une intervention à grande échelle, car nous pourrons quand même demeurer optimistes pour un revirement de situation et réparer cette importante déviation.» Les plaques installées actuellement indiquant «Zone militaire» se sont déplacées juste à côté de la station service ! «Le symbole historique et touristique d'El Aouana est devenu une interdiction aux citadins. A quelques pas de cette occupation se trouve le vieux port romain, symbole de culture d'El Aouana », peut-on lire sur la pétition. La population locale s'interroge sur la volonté politique de développer le tourisme, alors que, parallèlement, les plus beaux sites sont soit abandon-nés, soit occupés. Les dernières actions terroristes qui ont traumatisé la région de Jijel la semaine dernière ne doivent pas autoriser les autorités à renoncer au développement touristique de la région et à la survie d'un écosystème d'une grande richesse. Mais là ne s'arrêtent pas les atteintes portées à la commune d'El Aouana. Quand elles ne sont pas d'ordre sécuritaire, elles sont d'ordre économique. Un port de plaisance Comme il est de coutume depuis peu sur le littoral algérien, un port de plaisance et de pêche est en cours de construction à El Aouana. Ce port réalisé par une entreprise étrangère devrait être réceptionné en décembre prochain. Antonio Leitao, directeur du groupement luso-brésilien Andrade-Zagope, en charge de ce projet, annonçait à l'APS que le taux d'avancement est de 87%. L'infrastructure portuaire devrait accueillir 70 embarcations de pêche (5 chalutiers, 15 sardiniers et 50 petits métiers) et 140 unités pour la plaisance (5 voiliers et 135 plaisanciers). «Ce port aura la double vocation de développer la pêche et de promouvoir le secteur touristique, avec la perspective de création de nombreux emplois en amont et en aval», ont indiqué les responsables locaux du secteur des travaux publics. Or, le port en question est dans le parc de Taza. Un des rares parcs en Algérie à couvrir un périmètre forestier, mais également marin important. Plusieurs écosystèmes sont à préserver dans ce parc et un séminaire dans ce sens avait eu lieu en janvier dernier. Un séminaire dont «l'objectif (…) est de renforcer les capacités des cadres locaux en matière de développement socio-économique dans une dynamique de développement durable et de préservation de la biodiversité et du patrimoine national», avait indiqué à l'APS le directeur du Parc national de Taza, Hacène Kaddour. Pour rappel, le décret présidentiel n°83-459 du 23 août 1983 stipule que la création de parcs nationaux ont pour objectif (entre autres) «la préservation de ces milieux contre toute intervention artificielle et les effets de dégradation naturelle susceptible d'altérer son aspect, sa composition et son évolution». C'est à n'y rien comprendre. Sauf que, et on l'a vu concernant l'affaire du passage de l'autoroute Est-Ouest dans le parc d'El Kala à El Tarf, le développement outrancier promu par l'actuel gouvernement ne tient pas compte des impératifs environnementaux. Pire, les textes protégeant les réserves naturelles, les zones humides et les parcs nationaux sont bafoués. Et au-delà, la mobilisation citoyenne, consciente du patrimoine à protéger et qui s'érige contre ces infractions n'est pas plus écoutée. Un fossé qui continue de se creuser et qui porte atteinte, au final, à l'environnement. HYPERLINK «http://www.petitionenligne.fr/petition/petition-pour-sauver-le-meilleur-site-touristque-de-la-wilaya-de-jijel-devenu-zone-militaire/517».