La tension baisse dans le secteur de la santé. Après avoir atteint un seuil alarmant en ce mois de mai, la crise, qui a opposé les médecins résidents représentés par le Camra et les praticiens de l'intersyndicale de la santé publique, réunissant le SNPSP et SNPSSP, au ministre de la Santé, vient de baisser d'un cran. L'intersyndicale a décidé de geler son mouvement de grève illimitée après plusieurs consultations avec le ministre de la Santé. Les médecins résidents, eux, reprennent les négociations dans le cadre de la commission censée statuer sur l'abrogation du service civil, tout en maintenant le mot d'ordre de grève. «La situation de conflit dans laquelle nous étions avec le ministère vient de s'apaiser par une reprise des négociations», explique le docteur Merabet, président du SNPSP. Et d'ajouter : «Le ministre est revenu vers nous qui sommes des partenaires sociaux légitimes et présents sur le terrain syndical depuis 20 ans, ce qui est un élément important. Nous avons également été sensibles à la répression qui a mis sur la touche trois de nos médecins. De plus, le ministre s'est à présent engagé à prendre en charge nos revendications.» Les conseils nationaux des deux syndicats ont siégé hier dans la journée, ils ont fait le point sur le déroulement de la grève et ont unanimement opté pour une reprise du travail. «Nous avons gelé la grève étant donné que le ministre est entré dans une logique de dialogue», souligne le docteur Yousfi, président du SNPSSP. «Le dialogue a justement mené à l'engagement écrit de la prise en charge de six de nos revendications, dont l'amendement du statut qui bloque au niveau de la direction générale de la Fonction publique, le ministre s'est engagé à accélérer la procédure, l'adoption du régime indemnitaire avant le 30 juin et l'organisation du premier concours de passage au grade principal» ajoute-t-il. Les mesures d'intimidation ne sont pas en reste. «Ce sont également les nombreuses mesures répressives qui nous ont amenés à cette décision», explique le docteur Merabet, en citant l'exemple des trois médecins suspendus. Si pour les praticiens, jouer la carte de l'apaisement est primordial à ce stade de la contestation, les résidents grévistes ont un tout autre avis sur la question. «Pour nous, il n'est pas question d'interrompre la grève tant que nos revendications ne sont pas réellement prises en charge. La commission sur le service civil doit siéger aujourd'hui (hier, ndlr), nous verrons ce que cela va donner. Ce qui est sûr, c'est que si nous n'avons pas un engagement concret d'un remplacement du service civil qui puisse être effectif dans les prochains mois, nous poursuivrons notre contestation, tout en sachant que malgré l'adoption d'un nouveau statut, le droit syndical nous est toujours refusé», précise le docteur Yelles, délégué de l'hôpital Mustapha, avant de rejoindre la table des négociations du ministre de la Santé. Le spectre de l'année blanche plane toujours et la grève illimitée se poursuit, malgré les négociations. De ce fait, la crise se restreint, mais elle est loin de toucher à sa fin.