Insalubre, lugubre, malpropre. Les qualificatifs ne semblent pas suffire pour décrire l'état dans lequel se trouve la majorité des quartiers de la capitale de l'Ahaggar. La saleté accablante est devenue un spectacle tellement courant que l'on a fini par s'en accommoder. De quel que côté que se tourne le regard, nous constatons l'importance du phénomène de décharges anarchiques qui ternissent l'image de toute la ville, hormis les itinéraires empruntés par les officiels qui sont jusque-là épargnés. Aux quartiers Assoro, El-Ouiam, Guetaâ-El-oued, Ankouf et Tafsit, l'on se croirait dans un centre d'enfouissement. Des quartiers quasiment envahis par les détritus. Des tourbillons de sachets en plastique et de papiers se forment à un simple souffle du vent aux exhalaisons pestilentielles. Une puanteur insupportable et écœurante s'y dégage. Ce qui favorise davantage la prolifération d'insectes nécrophages et de mouches qui virevoltent autour d'une inqualifiable saleté. Bref, c'est une sérieuse menace à la santé publique. «Les éboueurs ne font pas leur travail. Ils ne respectent pas le programme de ramassage. Les déchets, pétrifiés par la chaleur, sont partout dans notre quartier et les odeurs qui s'en dégagent constituent une réelle menace à notre santé et à celle de nos enfants. On évolue dans une saleté éprouvante sans pour autant inquiéter les services compétents», déplore, Ahmed D. ébouriffé rencontré à la cité El-Ouiam qui regorge d'immondices. Céans, les habitants, interrogés à cet effet, sont unanimes à déclarer que le laxisme des services de voierie et l'inaptitude des autorités locales à venir à bout de cet épineux problème ont sérieusement aggravé la situation. Toutefois et poussant la simplification jusqu'à son expression irréductible, Kourim Seddik, chef de service de gestion du parc de collecte d'ordures auprès de l'APC, nous dira que la situation est due à «l'incivisme des habitants qui jettent leurs déchets à tout va et à n'importe quel moment. Théoriquement nous avons les moyens matériels et un effectif suffisant pour gérer le ramassage d'ordures de toute la ville de l'Ahaggar, scindée en 23 quartiers. Nous avons établi une carte de nettoyage par secteur associée à un programme de ramassage bien défini. Pour chaque secteur, nous avons désigné un camion et le nombre d'éboueurs nécessaires. Au total, nous avons un parc de 14 engins et plus de 130 travailleurs. Cependant et face à l'incivisme du citoyen, nous n'arrivons pas à exécuter notre programme et la répartition de secteurs en sous-secteurs a encore davantage exacerbé le problème pour nous retrouver dans une situation de manque en matière de moyens humains et matériel. Pour nettoyer un quartier, il nous faut parfois toute une journée car, outre le travail habituel de collecte, les éboueurs se trouvent contraints de ramasser les déchets déversés, ici et là, par les chiffonniers et les enfants de la décharge. Ce qui rend la tâche plus ardue. Les ménages sortent leurs déchets à n'importe quelle heure. Parfois on les jette depuis sa maison sans respecter le lieu désigné à cet effet et où l'on a placé des poubelles que l'on trouve quasi vide au moment du ramassage», explique-t-il dépité non sans faire remarquer qu'«en 2007 nous avons placé plus de 100 poubelles dans les différents coins et recoins de la ville afin de garder l'environnement plus sain. Au bout de trois jours nous n'en avons trouvé aucune. Tenez-vous bien, on les a toutes détournées pour les utiliser comme réservoirs d'eau. Actuellement, il nous est difficile de satisfaire la demande sans cesse grandissante en matière de nettoyage. Nous avons saisi nos responsables ainsi que le premier magistrat de la wilaya pour renforcer notre parc d'engin et nous doter de moyens adéquats. En attendant un écho favorable à cette demande, nous continuons à travailler d'arrache-pied afin d'assurer tant bien que mal notre besogne». De son coté, le chef de service de voirie, Laghnej Abdessamed, insistera sur l'importance des campagnes de sensibilisation des citoyens. «Sans le concours des habitants, notre travail est voué à l'échec. Les campagnes de sensibilisation que nous avons menées à Menta Tella, à Sersouf et à El Hofra ont donné de probants résultats. Nous essayons à chaque fois d'instaurer une culture environnementale et d'inciter les habitants au respect du travail, noble à plus d'un titre, de ces éboueurs. Ainsi et saisissant la balle au bond, nous appelons les responsables de chaque quartier à prendre part à cette louable initiative afin d'atteindre les objectifs assignés.»