La saleté s'empare de la ville sans rencontrer une forme de résistance digne d'intérêt. En pleine saison estivale, les rues et venelles de la Coquette sont, par endroits, truffées de flaques d'eau stagnantes, verdâtres ou noirâtres, dégageant des odeurs nauséabondes. Cela, sans parler des ordures anarchiquement jetées, qui caractérisent désormais ces voies de communication urbaines, devenues, par la force des choses, des lieux privilégiés pour le commerce informel, et partant un pôle d'attraction pour le public. Qu'on se trouve au Champs de Mars, dans les parages du marché El Hattab, ou au centre-ville près du Marché au blé, dans la rue Ibn Khaldoun, ex-Gambetta, ou encore au marché couvert (Francis), la saleté est maîtresse des lieux, faisant partie intégrante du décor quotidien de la cité. Les agents de nettoiement sont totalement dépassés. Ils se retrouvent avec un volume de travail supplémentaire à cause de la prolifération des activités commerciales, lesquelles n'étaient pas prévues dans le cahier des charges de la ville. La combinaison de stratégies et autres mécanismes en matière de collecte et de ramassage des ordures ménagères, ou autres déchets liés aux activités commerçantes, n'a pas donné, jusque-là, des résultats probants concernant l'amélioration de l'hygiène du milieu. L'apport de l'agence de coopération technique allemande GTZ et son expérience en matière de gestion des déchets domestiques, auxquels il faut ajouter les campagnes (sporadiques) de sensibilisation sur l'importance de l'hygiène du milieu à partir des mosquées, n'ont pas freiné la progression de l'insalubrité, qui transforme la ville en réceptacle de tous les genres de rejets, solides et liquides. Hormis le cordon qui part du Cours de la Révolution, en passant par le Beauséjour, puis Saint-Cloud, pour aboutir au cap de Garde, tous les quartiers et cités de la ville de Annaba continuent de vivre dans la saleté, qui est non seulement le résultat de l'insuffisance de nettoiement de la part des équipes des services techniques communaux, mais aussi, et surtout, de l'absence de civisme chez certains habitants. Que faut-il donc proposer de nouveau pour épargner à la ville toute cette la saleté, dans un contexte d'indifférence totale ? Si les pouvoirs publics et autres élus ont préconisé la création d'une entreprise spécialisée dans la gestion des déchets domestiques, - laquelle n'a pas encore vu le jour -, il n'en demeure pas moins que la propreté d'une ville relève d'abord de la conscience collective, avant de parler des moyens qu'il convient de mettre en œuvre pour sa matérialisation. Que faut-il conclure de cette situation lorsqu'on sait que des commerçants, détaillants ou grossistes, exposent une marchandise périmée, ou avariée, sans se soucier de la santé publique? L'hygiène du milieu est d'abord une affaire de mentalités, avant de se poser en termes de savoir-faire et de moyens.