Après avoir décidé de laisser inchangé son plafond officiel de production à 28 millions de barils par jour, l'Opep se prépare à gérer les 1er et 2e trimestres de l'année 2006. La réunion extraordinaire qui a eu lieu lundi 12 décembre à Koweit a permis à l'organisation de confirmer la stabilité du marché sur un seuil des prix assez confortable. Un seuil qui devrait permettre à l'industrie pétrolière de relancer les investissements dans l'exploration et de favoriser les politiques de l'efficacité énergétique.Après une période du pétrole bon marché, le monde découvre la fragilité de la situation qui a entraîné une volatilité des cours à des seuils inattendus. Une volatilité qui empêche toute prévision et des seuils qui peuvent faire ralentir la croissance économique mondiale. Avant la réunion de l'Opep du 12 décembre, un consensus semble s'être dessiné sur un bon prix du baril du pétrole. Producteurs et consommateurs semblent parler d'une même voix pour que le marché pétrolier soit stable et pour que les prix du pétrole encouragent les investissements colossaux nécessaires à un approvisionnement régulier à moyen et à long terme. Plusieurs analystes imputent la situation actuelle de tension des prix à la période qui a vu le pétrole, une énergie non renouvelable, être cédé à un prix bon marché qui ne cadre pas avec sa vraie valeur. Durant la décennie 1990, le baril de pétrole a été cédé à un prix moyen de 19 dollars avant que l'Opep ne décide de mettre en place une fourchette pour obtenir un prix moyen de 25 dollars à partir de l'année 2000. Et ce suite à la crise de 1998 qui a vu le pétrole baisser à moins de 10 dollars le baril. La très forte demande enregistrée depuis l'année 2003 a vite fait de montrer le déséquilibre de la situation en mettant à nu le manque d'investissements faits dans le domaine de l'exploration. Les capacités additionnelles qui procuraient un matelas pour la demande ont vite fait de s'amoindrir devant la poussée de la demande en Chine, en Asie d'une manière générale et aux Etats-Unis qui ont enregistré une très forte reprise de l'économie. La réaction psychologique au sein du marché entraîné par le syndrome d'une rupture des approvisionnements a poussé les prix vers des seuils élevés, et si ce n'était la réaction de l'Agence internationale de l'énergie ainsi que celle de l'Opep après les ravages des cyclones aux Etats-Unis, les prix auraient atteint un seuil situé entre 80 et 100 dollars le baril, entraînant du coup une récession économique mondiale et un nouveau choc pétrolier. Les prix actuels qui se situent dans une fourchette de 50 à 60 dollars le baril semblent ne pas trop gêner les pays consommateurs. Les stocks qui n'ont jamais été aussi bons devraient calmer le marché et freiner l'ardeur des spéculateurs, et ce même si les capacités additionnelles, véritable baromètre de la sécurité des approvisionnements, restent à un niveau assez bas. Dans cette conjoncture calme, mais fragile, l'Opep a choisi de continuer à produire à pleine capacité durant l'hiver pour ne pas provoquer de panique sur les marchés. Toutefois, elle appréhende la baisse de la demande durant le 2e trimestre 2006 après la fin de l'hiver. Le marché est inondé de pétrole et les stocks se portent bien, une baisse de la demande pourrait infléchir les prix vers un seuil inconnu. Le ministre du Pétrole du Qatar a déjà évoqué une réduction de la production. « Le marché est surapprovisionné. Mais la demande diminue traditionnellement aux deuxième et troisième trimestres, donc s'il le faut, nous baisserons », a-t-il indiqué le 12 décembre dernier à Koweit. La décision prise lors da conférence du 12 décembre de tenir une autre conférence extraordinaire le 31 janvier procède de cette dernière hypothèse. Mais aucune indication n'a encore été rendue officielle sur un seuil des prix sur la base duquel l'organisation interviendra. Pour l'instant, l'Opep est accaparée par la stabilité du marché et de son approvisionnement d'une manière adéquate. Si l'Opep n'a pas encore choisi une nouvelle fourchette des prix, l'ancienne ayant été suspendue, ses dirigeants ont déjà montré leurs préférences. Les chiffres avancés jusqu'à présent indiquent une plage qui se situerait entre 40 et 50 dollars le baril. Une autre plage a été aussi avancée, celle d'un baril situé entre 45 et 55 dollars. Il sera très difficile de définir un chiffre tant le marché est soumis à de multiples facteurs objectifs et subjectifs et reste marqué par la volatilité des prix. Mais ce qui est sûr, c'est que tout le monde a admis que l'époque d'un pétrole à bon marché est révolue. Après une vague de froid dans l'hémisphère nord qui a donné lieu à une poussée vers le haut des cours du pétrole, le marché était en train de reculer vendredi au vu des prévisions de la météo annonçant des températures proches des moyennes saisonnières. A New York, le brut était coté à 59,61 dollars le baril vers 17h GMT. Tandis qu'à Londres, le brent était coté à 58,78 dollars le baril.