L'Opep s'achemine vers un maintien en l'état de son plafond de production lorsqu'elle tiendra sa réunion extraordinaire le 12 décembre à Koweït. C'est ce qui ressort des multiples déclarations faites ces derniers jours par les ministres du Pétrole des pays membres de l'organisation. Ainsi malgré la baisse de près de 14 dollars du prix du baril de pétrole après le record de plus de 70 dollars atteint le 30 août dernier, l'Organisation semble décidée à maintenir la stabilité du marché jugeant les prix actuels raisonnables dans la mesure où ils se situent aux environs de 50 dollars le prix du panier des 11 qualités de brut (50,04 dollars) lundi passé. Le même jour et à titre indicatif le baril de pétrole brut était coté à 57,05 dollars en fin de journée à New York et à Londres le brent était coté à 54,38 dollars le baril. Vendredi à Vienne où a eu lieu une rencontre de concertation entre l'Opep et l'Union européenne, le président en exercice de l'Organisation, le ministre koweïtien du pétrole, cheikh Ahmad Fahd Al Sabah a confirmé ce choix en déclarant : " Je proposerai de garder le même plafond." Ce choix de maintenir la production actuelle s'explique aussi par l'arrivée de l'hiver, période où la demande augmente. "L'hiver est en train de s'installer et nous ne voulons pas avoir de problèmes avec les prix ", a-t-il expliqué. Actuellement le plafond de production de l'Opep est de 28 millions de barils par jour. Toutefois la production réelle dépasse ce seuil de quelques centaines de milliers de barils. Selon le rapport mensuel édité par le secrétariat de l'Organisation, la production des 10 membres concernés par les quotas a été de 28,287 millions de barils par jour au mois d'octobre alors que la production de l'Irak est passée de 2,024 millions de barils par jour à 1,777 mbj. Ce qui donne un total de 30,064 mbj pour les 11 pays membres. Aucune référence n'est faite sur les 2 millions de barils par jour que l'Opep a mis à la disposition du marché lors de sa dernière réunion les 19 et 20 septembre à Vienne. La qualité du pétrole (lourd) mis à la disposition du marché n'avait pas attiré de preneurs à l'époque vu que la crise de la demande concernait surtout les pétroles légers. Le ministre saoudien du pétrole a estimé lundi dernier que "les stocks sont confortables pour les pays consommateurs et les prix ont commencé à se stabiliser ". Un jour auparavant, le président en exercice de l'Organisation le ministre koweïtien du pétrole avait estimé que les prix du pétrole étaient convenables pour tous en souhaitant que ces prix se maintiennent à des niveaux convenables pour les pays producteurs comme pour les pays consommateurs, tout en excluant à l'heure actuelle toute réduction. Mardi dernier, le ministre indonésien du pétrole avait annoncé que son pays allait proposer à ce que l'Opep maintienne son plafond de production lors de sa prochaine réunion. Dimanche passé à Alger, le ministre de l'Energie et des Mines avait indiqué que l'offre était suffisante, que le marché se stabilisait et qu'il ne pensait pas que l'Opep psychologiquement fasse quoi que ce soit. "Le marché se stabilise au-dessus de 50 dollars le baril et je pense qu'avec le froid qui s'annonce les prix pourraient se consolider au-dessus des 50 dollars jusqu'à la fin du premier trimestre prochain ". L'Opep qui a suspendu sa fourchette 22-28 dollars le baril décidée en 2000 n'a pas encore choisi un nouveau mécanisme des prix.Toutefois ses responsables évoquent régulièrement ces derniers temps la nécessité d' "atteindre un prix équitable pour le pétrole qui apporterait aux producteurs des revenus justes sur les capitaux qu'ils ont investis ". Beaucoup de capitaux La demande qui va connaître une croissance régulière nécessite beaucoup de capitaux et seul un bon prix du pétrole pourrait attirer les énormes investissements dont a besoin l'industrie du pétrole pour assurer une sécurité des approvisionnements à moyen terme. Sur un autre plan la réunion de concertation (devenue régulière entre l'Opep et l'UE) qui a eu lieu vendredi à Vienne a permis à l'Opep de réitérer sa proposition faite aux grands pays consommateurs de revoir leur fiscalité concernant les carburants. Pour reprendre les termes utilisés, l'Opep considère qu'"il serait dans l'intérêt du consommateur final et de l'industrie pétrolière dans son ensemble si les gouvernements des pays consommateurs revoyaient et rationalisaient la fiscalité des carburants, particulièrement lorsque les prix atteignent des niveaux considérés comme très élevés ". Cette demande, l'Opep l'a faite à plusieurs reprises sans résultat. Le prix du carburant à la pompe est composé à 80 % de taxes dans certains pays européens. Dans la somme que débourse l'utilisateur 20 % vont aux pays producteurs et aux compagnies alors que 80 % est constitué de taxes prélevées par le gouvernement du pays consommateur. Toutefois l'Agence internationale de l'énergie a pratiquement interdit aux pays consommateurs de toucher aux taxes même quand les prix atteignent des sommets. Le débat sur les taxes dure depuis l'année 2000 et il s'est transformé en un dialogue de sourds. Les prix ont évolué vers la hausse ces derniers jours à l'approche d'une vague de froid dans l'hémisphère nord. Vendredi à New York, le " Light Sweet Crude " était coté à 59,05 dollars vers 17h GMT .Tandis que le brent à Londres était coté à 56,77 dollars.