L'open de Roland-Garros est la seconde levée du grand Chelem, après l'open d'Australie, en janvier, et avant Wimbledon (juillet) et l'US Open (fin août-début septembre). Roland-Garros est pratiquement considéré comme un Championnat du monde sur terre battue. Ce qui rend son attrait plus fort encore pour les spécialistes de cette surface de jeu que sont, surtout, les Espagnols et les Argentins. C'est d'ailleurs un joueur ibérique, Rafael Nadal, cinq titres déjà en poche, qui écrase ce tournoi de sa formidable présence sur le court. Mais cette année, il y a un os, il s'appelle Novak Djokovic. Le Serbe a balancé par la fenêtre tous les complexes d'infériorité qu'il avait dans la tête lorsqu'il affrontait Nadal. En effet, depuis qu'il a remporté la Coupe Davis en décembre 2010, devenant, de ce fait, un héros national, le Serbe accumule les victoires. Depuis le début de l'année, et après deux tours à Roland-Garros, Djokovic en est à 39 victoires de suite (41, si on prend en compte les deux simples gagnées en Coupe Davis). La série est phénoménale puisque, sur sa lancée, il compte quatre victoires de suite, et en finale, sur… Nadal même. Le Serbe n'est plus qu'à trois succès du record de l'Américain John McEnroë. En outre, ce qui ne gâte rien, comme de bien entendu, si Djokovic atteint la finale de Roland-Garros, il deviendrait le nouveau numéro 1 mondial, quel que soit le résultat de la rencontre. C'est dire avec quel intérêt le public et même les joueurs suivent ce passionnant feuilleton. En fait d'intérêt, il est agréable de constater, lorsqu'on vit la belle quinzaine de ce tournoi à nul autre pareil, que public, joueurs et joueuses partagent la même passion pour cette discipline sportive qui a fini par avoir droit de cité dans tous les pays. L'explication de cet amour partagé peut aisément se comprendre, quand on sait que la majorité des spectateurs est composée de pratiquants et de dirigeants de club. La minorité, qui ne connaît rien à ce sport, ne se déplace à Roland-Garros que pour y être vue. De préférence par le plus grand nombre de monde possible. Et si une caméra est dans les parages, «on» s'arrange pour être dans le champ de vision du cameraman ! Mais cette minorité, qui fait seulement dans le paraître, est elle-même un des charmes de ce magnifique tournoi qui se déroule dans une ville non moins magnifique. Bref, vivre Roland-Garros, c'est joindre l'utile à l'agréable en quelque sorte.