Dans la nuit de lundi à mardi, le quartier populaire de Teksebt, situé au nord de la ville d'El Oued, a été le théâtre de violents affrontements entre les habitants et les forces antiémeute. Tout a commencé quand les services concernés ont démoli, lundi soir, quelques constructions bâties sans autorisation sur des terrains appartenant au privé. Mais la goutte qui a fait déborder le vase est l'intention des autorités de démolir des dizaines d'autres constructions dans le même quartier. Se sentant menacés par cette mesure, de nombreux habitants sont sortis pour protester. Ils ont également lancé des pierres en direction des forces antiémeute, lesquelles ont utilisé la matraque pour les disperser. Le siège de la sûreté urbaine a été la cible des jets de pierres des manifestants et l'agence postale du quartier a été saccagée. Le matériel et tous les équipements postaux ont été détruits. Par ailleurs, des propriétaires de terrain ont affirmé que «ce n'est pas la décision de la démolition de nos constructions qui nous inquiète, mais bien les dessous de cette mesure». Et d'ajouter : «Des centaines de constructions illicites et des extensions illégales ont été réalisées sur des terres appartenant à l'Etat, mais aucune décision n'a été prise par les autorités contre les occupants, sans parler du scandale d'expropriation illégale de goths (dépressions où sont plantés des palmiers)». Le problème est que les services de la commune d'El Oued leur exigent, expliquent-ils, un livret foncier ou des actes établis par les services concernés pour l'obtention d'un permis de construire, «alors que la majorité des terrains à El Oued sont vendus selon le mode traditionnel et oral dit «orfi»». D'autres habitants touchés par la démolition ont indiqué que «le but de l'opération de démolition est l'intention malicieuse des autorités de nous déposséder de nos terrains par la démolition de toutes les constructions considérées illicites à l'exception de celles réalisées par des privilégiés. Dans ce cas, les terrains sont devenus vacants et les vrais propriétaires ne sont que des indus occupants». «En plus, la loi stipule que tout terrain vacant se trouvant dans le Sud (comme c'est le cas à El Oued) est la propriété de l'Etat par la force de loi. Mais l'Etat n'a aucun document justifiant la propriété des terrains. Dans ce cas-là, l'administration établit un PV de prise de possession par le fait que ces terrains sont vacants et sans maître. La dernière étape est l'établissement d'un arrêté d'affectation», précisent-ils.