De violentes manifestations ont éclaté hier dans plusieurs communes de Batna, suite à l'affichage des listes d'attribution de logements sociaux. A Aïn Yagout, Chemora, Boulefraïs, Tazoult et T'kout, un climat de tension s'est installé donnant écho aux cris de colère et de désespoir lancés par des populations outrées. A T'kout, les protestataires ont fermé les sièges de la daïra et de l'APC pour exprimer leur désapprobation du choix de la commission. Pour eux, des indus bénéficiaires se sont glissés dans la liste des 56 bénéficiaires, parmi eux des personnes étrangères à la commune. Pour la première fois, les gens de T'kout dénoncent le business pratiqué par de nouveaux arrivés qui, après deux ou trois années de résidence dans la ville, bénéficient de logements pour ensuite les revendre et partir ; un phénomène remarqué notamment chez les membres des corps de sécurité. Mais le pic de la violence a été enregistré à Tazoult où des accrochages ont éclaté entre des manifestants et les forces antiémeute dépêchées sur les lieux et qui ont dû faire usage de bombes lacrymogènes. Auparavant, des centaines d'individus ont bloqué la RN31 reliant Batna à Khenchela, via Tazoult, pour protester contre «l'injustice» qui a caractérisé la distribution de 90 logements sociaux. Là aussi, les protestataires ont dénoncé des indus bénéficiaires, parmi eux le neveu d'un wali influent dans une wilaya de l'Est, pistonné, affirme un habitant de la ville au détriment de ceux qui attendent depuis très longtemps. A l'heure où nous mettons sous presse, nous n'avons pu avoir aucune information sur d'éventuels blessés ou d'arrestations. Le vent de protestation n'a pas épargné la commune de Aïn Yagout non plus. L'affichage, hier, de la liste des bénéficiaires du quota de 110 logements sociaux a provoqué l'ire d'un bon nombre de demandeurs qui ont manifesté en bloquant la RN3 reliant Batna à Constantine, ainsi que le siège de l'APC. Le même motif est invoqué : des logements distribués à des indus occupants connus de tous, au détriment d'autres citoyens. Pour les mêmes raisons aussi, des mouvements violents ont été enregistrés dans les communes de Chemora et Boulefraïs où un citoyen a tenté de se suicider dimanche, désespéré de n'avoir pu bénéficier d'un toit. A Chemora, des émeutiers ont mis le feu au siège de l'APC, au parc communal et brûlé le véhicule du chef de daïra avant de le balancer dans l'oued. Ce dernier a été séquestré au siège de son administration par une foule surchauffée malgré la présence des gendarmes. Il est à craindre que des opérations similaires prévues dans plusieurs communes ne provoquent les mêmes réactions de la part des populations, notamment au chef-lieu de wilaya, où l'on parle déjà d'une liste fabriquée par un député influent dans la wilaya.