Le «régime d'El Gueddafi est fini», a déclaré hier à la presse le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, venu inaugurer un consulat d'Italie à Benghazi, le fief de la rébellion dans l'est de la Libye. «Le régime d'El Gueddafi est fini, il doit quitter le pouvoir, il doit quitter le pays», a déclaré M. Frattini au cours d'une conférence de presse tenue conjointement avec le «ministre» des Affaires étrangères du Conseil national de transition (CNT), l'organe politique des rebelles, Ali Al Essaoui. «Ses proches collaborateurs l'ont quitté, il n'a plus de soutien international, les leaders du G8 le rejettent : il doit partir», a-t-il poursuivi. Pour forcer Mouammar El Gueddafi à partir, «nous devons maintenir notre pression militaire, renforcer les sanctions économiques pour garantir l'irréversibilité du mouvement en faveur du peuple libyen», a ajouté le ministre italien. L'Italie, ancienne puissance coloniale en Libye, plaide en faveur d'un exil d'El Gueddafi et figure, avec la France, le Qatar, la Gambie, le Sénégal, la Grande-Bretagne et la Jordanie, parmi les pays ayant reconnu le CNT comme l'interlocuteur légitime en Libye. «En venant ici, j'ai beaucoup apprécié le fait que le CNT est vraiment le représentant du peuple libyen. Je confirme notre plein soutien au CNT (...), c'est pourquoi nous ouvrons un consulat à Benghazi après avoir fermé notre ambassade à Tripoli», a ajouté M. Frattini. Sur le plan économique, les deux parties ont signé un mémorandum «pour aider au développement du peuple libyen», a annoncé le représentant du CNT. Rome installe son consulat à Benghazi «C'est très important, nous allons demander à l'une de nos banques de crédit, Unicredit, et à l'ENI (société nationale italienne des pétroles) de fournir au CNT une importante quantité de fuel et d'argent», a poursuivi le ministre italien. En Italie, a-t-il ajouté, se trouvent «d'importants avoirs financiers libyens gelés, des milliards d'euros. C'est l'argent du peuple», en référence aux avoirs libyens gelés dans le cadre des sanctions économiques contre le régime d'El Gueddafi. «Ces sommes importantes peuvent représenter une solide garantie pour l'argent prêté au CNT», selon le ministre qui espère que la prochaine réunion du groupe de contact sur la Libye, qui doit se tenir début juin à Abou Dhabi, parviendra à trouver des mécanismes légaux pour libérer ces sommes bloquées à l'étranger. Les représentants de la rébellion, lancée mi-février, disent effectivement manquer d'argent et de pétrole. Son «ministre» du Pétrole et des Finances a déclaré dimanche à Benghazi qu'il n'avait «plus aucune ressource», sollicitant l'aide de la communauté internationale. «La prochaine fois que je vous verrai, j'espère que ce sera dans Tripoli libérée», a lancé en conclusion M. Frattini, qui devait quitter Benghazi après l'inauguration du consulat. Pour autant, le colonel El Gueddafi n'est «pas disposé» à quitter la Libye, mais il est prêt à œuvrer en faveur d'une solution politique à la crise dans son pays, a-t-on indiqué hier de source officielle sud-africaine. Selon un communiqué de la présidence sud-africaine, le colonel El Gueddafi a insisté, lors d'une rencontre à Tripoli avec le président sud-africain Jacob Zuma, «sur le fait qu'il n'était pas disposé à quitter son pays, malgré les difficultés». Jacob Zuma a effectué lundi une brève visite en Libye, où il a rencontré le colonel El Gueddafi qui a affirmé être «prêt» à mettre en application la «feuille de route» de l'Union africaine (UA) pour mettre fin au conflit dans son pays. M. Zuma a révélé avoir eu une «discussion détaillée» avec le colonel libyen, qui a demandé, selon lui, qu'on «donne l'opportunité aux Libyens de discuter entre eux» et de trouver une solution à la crise qui secoue le pays depuis la mi-février.