L'Italie reconnaît le Conseil national de transition (CNT) libyen comme le «seul interlocuteur légitime» et estime que les propositions de sortie de crise du régime d'El Gueddafi «ne sont pas crédibles», a indiqué, hier, le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini. «L'Italie a décidé de reconnaître le CNT comme le seul interlocuteur légitime», a déclaré M. Frattini après avoir reçu, à Rome, le responsable pour la politique étrangère du CNT (représentant de la rébellion au colonel Mouammar El Gueddafi, Ali Al Isawi. Le ministre italien a souligné que «le régime de Tripoli est en train d'envoyer des émissaires en Grèce pour faire des propositions» en vue d'une solution au conflit. Mais «ces propositions ne sont pas crédibles», a estimé M. Frattini. Celui-ci a dit en avoir discuté hier matin avec son homologue grec. Le message transmis à Athènes est que «le régime (El Gueddafi) respectera le cessez-le-feu. Rien à propos d'un départ d'El Gueddafi et c'est pour cela que nous ne pouvons pas accepter ces propositions», a indiqué M. Frattini. Pour lui, «on ne peut pas exclure» la possibilité de fournir des armes aux rebelles, mais seulement «en dernier recours». «Des avions italiens seront utilisés pour évacuer les blessés de l'hôpital de Misrata (est de Tripoli) ainsi qu'un bateau-hôpital», a par ailleurs promis M. Frattini en proposant aussi d'«envoyer des médecins et infirmières à l'hôpital de Misrata». Le ministre a aussi offert de coopérer concrètement à la «reconstruction de la Libye», avec la mise à disposition d'«experts pour aider le Conseil à faire redémarrer l'économie». Il a indiqué que le patron du groupe pétrolier ENI, Paolo Scaroni, avait eu des contacts téléphoniques avec le CNT. La Libye est le premier fournisseur de pétrole de l'Italie et ENI est le premier producteur étranger dans le pays. Dernières cartouches Le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Laabidi, s'est rendu dimanche en Grèce, où il a rencontré le chef de la diplomatie grecque, Dimitris Droutsas, et devait se rendre, hier, en Turquie puis à Malte. Selon les médias italiens, le régime de Tripoli souhaiterait la collaboration de la Grèce et de Malte, en tant que membres de l'Union européenne, et d'Ankara en tant que membre de premier plan de l'OTAN à une médiation en vue d'un cessez-le-feu. Le Premier ministre maltais, Lawrence Gonzi, a confirmé qu'il recevrait l'émissaire du régime d'El Gueddafi, après avoir été sollicité d'urgence par Tripoli. L'heure de l'entrevue n'a pas été fixée. Malte a accepté de le rencontrer pour lui transmettre le message de La Valette qui consiste à appeler à l'arrêt de toute violence, a précisé M. Gonzi. Interviewé par la télévision Rai Due à Benghazi, le chef du CNT, Moustapha Abdeljalil, a estimé qu'il n'y a que deux chemins possibles : «Ou l'OTAN nous aide à nous libérer des tireurs embusqués ou elle nous procure les armes pour que nos combattants le fassent.» Il a souligné que le responsable du CNT pour la politique étrangère s'est rendu à Rome pour «demander à l'Italie d'assumer un rôle important dans le cadre de la mission de l'OTAN pour protéger le peuple libyen». M. Abdeljalil a remercié l'Italie d'avoir adhéré à l'établissement de la zone d'exclusion aérienne et pour «le rôle important de ses bases dans la protection et le contrôle du territoire et du peuple» libyens.