Dans l'attente d'une solution politique ou militaire au conflit, le Groupe de contact sur la Libye a mis en place, jeudi, un «fonds spécial» pour le CNT. Le régime libyen s'est insurgé hier contre le plan d'aide international aux rebelles qui prévoit l'utilisation de ses fonds gelés et a répété que Mouamar El Gueddafi n'a aucune intention de quitter le pouvoir, au lendemain de la réunion du Groupe de contact à Rome. Près de trois mois après le début du conflit lancé le 15 février par une révolte contre le pouvoir autoritaire de M.El Gueddafi et l'intervention militaire internationale le 19 mars, les combats entre insurgés et pro-El Gueddafi semblent marquer le pas notamment dans la région stratégique de Misrata (ouest). La France, premier pays à reconnaître le Conseil national de transition (CNT), organe représentatif de la rébellion basé à Benghazi (est), a déclaré «persona non grata 14 ex-diplomates libyens», leur donnant «de 24 à 48 heures» pour quitter son territoire. Dans l'attente d'une solution politique ou militaire au conflit, le Groupe de contact sur la Libye a mis en place jeudi un «fonds spécial» pour le CNT, qui sera alimenté par des dons et des prêts notamment arabes, puis en partie par les avoirs libyens gelés aux Etats-Unis et en Europe. Le fonds, sous supervision internationale, sera «opérationnel dans les prochaines semaines», a indiqué le chef de la diplomatie française Alain Juppé. Le Koweït a déjà promis 180 millions de dollars, le Qatar 400 à 500 millions. Il servira «en premier lieu à payer les salaires, acheter des médicaments et des vivres, et pour des frais médicaux», ainsi que pour la reconstruction, a expliqué le Premier ministre du Qatar Hamad Ben Jassem Al-Thani. «La Libye est toujours, selon le droit international, un Etat souverain, et toute utilisation des fonds gelés est comme de la piraterie en haute mer», a répliqué le vice-ministre libyen des Affaires étrangères Khaled Kaïm lors d'une conférence de presse à Tripoli. Les fonds gelés de M.El Gueddafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, et de ses proches sont estimés à 60 milliards de dollars dans le monde, dont plus de la moitié aux Etats-Unis. Outre l'aide financière, les moyens de parvenir le plus vite possible à un cessez-le-feu ont été discutés à la réunion de Rome, le ministre italien des Affaires étrangères Franco Frattini estimant «réaliste» qu'il puisse intervenir «d'ici quelques semaines». Le mouvement de contestation sans précédent du régime s'est vite transformé en guerre civile et des milliers de personnes ont péri dans le conflit selon le procureur de la Cour pénale internationale, Luis Moreno-Ocampo, qui compte demander trois mandats d'arrêt pour crimes contre l'humanité en Libye. Malgré l'intervention d'une coalition internationale le 19 mars sous mandat de l'ONU pour mettre fin à la répression sanglante puis la prise des commandes par l'Otan, la situation militaire semble bloquée sur le terrain avec des risques d'aggravation de la crise humanitaire.