La réélection de Joseph Shepp Blatter au poste de président de la FIFA est passée comme une lettre à la poste hier à Zurich. Seul candidat à sa propre succession, après le retrait de la candidature du Qatari. Mohamed Ben Hammam, le Suisse accomplira son dernier mandat à la tête de la FIFA, avant de céder le fauteuil en 2015. Le congrès s'est déroulé dans une ambiance particulière. Secouée par des accusations de corruption en son sein, la FIFA a perdu une partie de son crédit. Ses sponsors majors et partenaires importants, à l'instar de Coca-Cola, Adidas, Emirats, Visa, ont tous signifié leur désapprobation avec tout ce qui se dit sur la FIFA au sujet des affaires de corruption qui visent plusieurs membres du comité exécutif et même le président Joseph Blatter qui a comparu, au même titre que son rival malheureux Mohamed Ben Hammam et Jack Warner, devant la commission d'éthique qui, par enchantement, l'a blanchi et enfoncé les deux autres. La crise survenue la veille du congrès a mis à nu la moralité et l'autorité du président Blatter, soucieux seulement de sa personne et de la préservation de son «trône» et le vrai visage de la FIFA qualifiée de «tigre en papier». La cohésion de l'instance internationale, slogan préféré du président, a volé en éclats ces derniers jours sous les coups de semonce assénés par la presse anglaise. Le président de la Fédération anglaise, David Bernstein, a demandé le report de l'élection. Il n'a pas été suivi. Son collègue allemand, Théo Zwanziger, a proposé un réexamen de l'attribution de la Coupe du monde 2022 en proférant des soupçons de corruption contre le Qatar. Le secrétaire général de la FIFA, le Français Jérôme Valck, lui aussi y est allé de ses accusations malveillantes contre Ben Hammam. Dans ses texto échangés avec Jack Warner, il a chargé Mohamed Ben Hammam, l'accusant ouvertement de corruption en faveur de son pays (Qatar) qui a obtenu l'organisation de la Coupe du monde 2022. Jérôme Valck n'est pas à son premier dérapage en la matière. La veille de la tenue du congrès de la Confédération africaine de football (CAF), en février dernier à Khartoum, il a envoyé des texto à nombre de dirigeants africains leur suggérant de ne pas voter en faveur de certains candidats à l'élection au comité exécutif de la FIFA. Les deux fois, il n'a pas été inquiété. Pour services rendus à Blatter, soulignent de nombreux observateurs. N'a-t-il pas répondu à Michel Platini au sujet du versement d'un million de dollars aux Caraïbes, sans l'accord préalable de la commission des finances ni du comité exécutif : «Ne t'inquiète pas, je vais lui trouver cet argent. Ces derniers jours, la FIFA a été profondément discréditée. Sentant le vent tourner contre lui, Joseph Blatter a pris les devants dans une vaine tentative de calmer ses détracteurs au point d'engager la FIFA dans un revirement dont lui seul connaît les motivations. N'a-t-il pas précédé les attaques et critiques anglaises en montrant sa disposition à rouvrir le dossier du Qatar comme l'atteste ce passage de sa dernière interview sur France Football (mardi 24 mai 2011). Question : «Est-il envisageable que la FIFA aille jusqu'à organiser un nouveau vote pour la Coupe du monde 2022 attribuée au Qatar ?» Réponse : ‘‘Ne me demandez pas de répondre par oui ou par non. Il faut y aller étape par étape''.» Les Européens n'ont pas encore digéré ce choix. Aujourd'hui, ils menacent ouvertement de faire imploser la FIFA et d'organiser leurs propres compétitions sans la participation des autres Confédérations. Ils estiment que le football, c'est eux. Pour sauver sa tête, Joseph Blatter est prêt à tous les compromis avec l'Europe vers laquelle il lorgne lorsqu'il planifie sa succession. Il fera tout durant son prochain mandat pour que le futur président de la FIFA soit un Européen. Il a déjà placé le Français Michel Platini sur une voie royale qu'il empruntera en 2015.Il va s'employer d'ici là à distribuer une partie du trésor de la FIFA pour d'abord gagner «la paix sociale» et ensuite barrer la route aux rivaux du président de l'UEFA et futur successeur.