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Delmet Christan, Chercheur anthropologue au CNRS associé au Centre d'études sur les mondes africains (Paris)
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Publié dans El Watan le 03 - 06 - 2011

Contrairement à ce qu'on lit, on ne se bat pas pour le pétrole à Abyei
- La région d'Abyei constitue une des pierres d'achoppement dans la résolution du conflit entre le nord et le sud du Soudan. Quels enjeux cette région cristallise-t-elle ?
Contrairement à ce qu'on lit, on ne se bat pas pour le pétrole à Abyei. Ce n'est pas la préoccupation directe et unique des populations qui, pour les Arabes Misseriya, ont peur de perdre l'accès de territoires indispensables à leur économie et à leur mode de vie et, pour les autres Ngok Dinka, de ne pas rejoindre le nouveau Sud- Soudan. Il est certain que les tensions entretenues dans cette région visent à atteindre d'autres objectifs dans le cadre des négociations post-référendaires qui n'ont guère progressé. Selon les accords de Naivasha, les habitants de la région d'Abyei devaient se prononcer par référendum sur leur rattachement au Sud-Kordofan ou au Bahr Al Ghazal dans le même temps que ceux du Sud voteraient pour ou contre la séparation d'avec le Nord. Cette consultation n'a pas eu lieu en raison d'un désaccord entre le SPLM/A et le Parti du congrès national au Nord sur les frontières de ladite région et la composition du corps électoral.
Un retour à l'histoire s'impose : les Ngok Dinka, habitants de cette région parcourue par les nomades arabes Misseriya, avec lesquels ils entretenaient des relations paisibles ,demandèrent en 1905 leur rattachement administratif au Kordofan (au Nord) plus proche que du Bahr Al Ghazal (au Sud). Cette entente, basée sur des intérêts réciproques (accès des Arabes aux pâturages en pays Dinka, sécurité assurée pour les Dinka), fut ébranlée après l'indépendance avec le ralliement du chef Misseriya au parti Umma qui projetait d'islamiser les institutions. Pendant la première guerre civile (1955-72), des jeunes Ngok rejoignirent les rebelles Anyanya (qui combattaient le parti Umma), et des incidents graves en 1965 firent des centaines de morts parmi les Dinka. En dépit de cela, le chef Dinka plaida le maintien au Kordofan, mais il n'était plus suivi par la jeune génération qui demanda le retour au Sud que n'accordèrent pas les accords d'Addis Abeba de 1972. La reprise de la guerre en 1983 entraîna la formation de milices arabes (Misseriya et Rizeigat) qui, plutôt que de combattre l'armée rebelle (SPLA), semèrent la désolation parmi la population. Si certains Dinka croyaient encore à la coopération avec les Misseriya et le gouvernement de Khartoum, les élites nouvelles et ceux qui combattirent dans les rangs du SPLM/A revendiquèrent le droit des Ngok Dinka à se prononcer sur leur avenir.
Le problème de la frontière : Khartoum rejeta un premier tracé présenté par un groupe d'experts. Le Tribunal arbitral de La Haye proposa un nouveau découpage qui devait s'imposer aux deux parties : rien n'étayait la thèse d'un peuplement Dinka permanent au nord-est de la région où ont été ouverts les premiers puits de pétrole. Le SPLM accepta la réduction du territoire Dinka et l'abandon de puits et de réserves en voie d'épuisement, ne fournissant plus que moins de 10% de la production «nationale», qui a bondi dans d'autres concessions au Sud. Dans le même temps, il garantit comme par le passé l'accès des terres pastorales aux troupeaux des Misseriya.
Le problème des électeurs : le texte des accords donne le droit de vote aux habitants de la région d'Abyei. Pour le SPLM, ces derniers sont les Ngok Dinka et d'autres Soudanais installés de longue date. La qualité de résident permanent ne saurait s'appliquer aux transhumants. Au contraire, pour les autorités de Khartoum, tous les Misseriya (70 000, alors que les Dinka ne sont que 100 000) doivent faire partie du corps électoral. Le SPLM n'entend pas prendre le risque de laisser les Ngok Dinka, dont certains ont un rôle important dans l'appareil du parti au Nord, ni laisser une région stratégique sous le contrôle de Khartoum.
- Cette invasion constitue une violation de l'accord de paix de 2005. Si l'occupation perdure, quelles conséquences cela peut-il avoir ?
Selon l'accord, la région devait être provisoirement administrée par un conseil nommé par le président du Soudan. La nomination par Salva Kiir d'un administrateur en mars 2008 est considérée comme une violation de l'accord par Khartoum qui condamne également le renforcement des forces du SPLA au nord de la ville, et réplique en envoyant 200 soldats des Forces armées soudanaises (SAF) dans Abyei. De plus, la sécurité doit être uniquement assurée par des unités mixtes de police et de l'armée (Joint Integrated Units). Dans son projet de constitution, le SPLM inclut Abyei dans le Sud- Soudan, ce que Khartoum dénonce, puisque le référendum n'a pas eu lieu, Abyei appartient toujours au Nord. Le président El Béchir menace de ne pas reconnaître le nouvel Etat qui va officiellement naître le 9 juillet prochain, si cette insertion n'est pas supprimée. Les accrochages entre SPLA et groupes nomades armés sont fréquents depuis 2008, et se sont accélérés en 2009. Début 2011, les nomades Misseriya bloquent l'accès d'Abyei aux déplacés Dinka qui rentrent au pays. En retour, les autorités d'Abyei bloquent la migration des troupeaux Misseriya qui subissent de fortes pertes par manque d'eau et de nourriture. Aujourd'hui, il ne semble pas qu'il y ait eu tentative de résistance du SPLA ni d'interposition des soldats de l'ONU.
- Lors d'une réunion à Khartoum, le ministre d'Etat soudanais a déclaré que le gouvernement du Nord-Soudan était prêt à des négociations. Quels sont les points sur lesquels le gouvernement soudanais ne cédera pas ?
Mardi 24 mai, le président El Béchir a déclaré : «Abyei est une terre nord-soudanaise et nous ne nous en retirerons pas» et il donne carte blanche aux SAF pour répondre aux provocations du SPLA. Au gouvernement américain qui demande le retrait de son armée d'Abyei, sous peine de compromettre les relations entre les deux pays, le président soudanais répond qu'il n'a que faire de cette politique de la carotte et du bâton. En réalité, plus qu'une menace de guerre, il s'agit surtout de montrer sa force et sa détermination à la veille des dernières négociations post-référendaires afin d'obtenir le maximum de concessions d'un partenaire qu'il sait réticent à toute reprise des combats et qui doit faire face à des oppositions armées au Sud même. Pour des raisons de politique régionale, le gouvernement de Khartoum veut à tout prix soutenir les intérêts des Misseriya afin de s'en faire des alliés au Kordofan dont la stabilité n'est pas garantie à l'avenir. La situation complexe d'Abyei offre cette occasion tout en permettant de mesurer la détermination sudiste.


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