La scolarité des enfants est souvent perturbée à cause des conditions de vie extrêmes.Poussés par la curiosité d'aller à la rencontre des contrées lointaines de Béni Sbih, nous avons été témoins de la vie rudimentaire d'une région enclavée, totalement isolée du monde, située dans la commune de Ghebala, à l'extrême sud-est de la wilaya. La mechta Dar Ahmed a été notre premier point de chute. Ici, la vie semble s'arrêter au seul réflexe de survie de la population. Pas de routes, ni transport. Sur toutes les lèvres, une seule phrase revient : « Délivrez-nous de notre isolement ! » Notre accompagnateur, un élu de l'APC, appuyant le cri de détresse des gens que nous avons rencontrés, note que « pour rallier Beni Sbih, il faut passer par Bordj Ali, un bourg relevant de la commune de Settara, et parcourir 30 km ». La route, une piste à vrai dire, reliant, sur 15 km, Ghebala aux mechtas de Béni Sbih, est impraticable. Inscrite dans le programme de l'APC, le chemin communal 19, reliant Bordj Ali à ces contrées lointaines, attend depuis des lustres d'être aménagé. Les difficultés de déplacement de la population demeurent la préoccupation majeure des élus, tient d'ailleurs à préciser notre guide. A quelques encablures de Dar Ahmed, Béni Oussama a bénéficié de quelques habitations rurales, mais les duretés de la vie demeurent les mêmes. « Nous n'avons pas d'eau, pas de routes et aucune couverture sanitaire », reprennent des habitants. Dans ces conditions extrêmes, la scolarité des enfants est perturbée. Agé de 12 ans, un garçon, qui aurait pu être en 1ère année moyenne, nous dit qu'il est encore en 3ème année primaire. Dans une autre mechta, un jeune de 22 ans explique qu'il a atteint la 6ème année primaire mais qu'il ne sait même pas écrire son nom. Des visages qui expriment la misère d'une vie impitoyable ; tous ceux que nous avons rencontrés à Béni Sbih disent survivre par la force de leur bras. L'élevage et le travail de la terre dans la pure tradition des zones rurales les plus pauvres restent leur unique ressource. Dans ces contrées, même la nature du sol est hostile à tout travail agricole. Les gourbis couverts de chaume ou de pièces en tôle témoignent de l'extrême pauvreté de la population. Avant de traverser Ouadia, « le centre urbain » de Béni Sbih, nous passons par El Magtaâ, la dernière mechta de la région de Béni Sbih, avant d'atteindre les limites de la wilaya de Skikda, à 6 km de là. Plus loin, le dernier point que nous n'avons pas pu atteindre s'appelle Lakiakab. Sans route, et totalement coupée du monde, cette localité n'est même pas branchée au réseau électrique, nous fait savoir notre accompagnateur.