Les travailleurs attendent le virement des rappels et des augmentations le 24 du mois courant. Les responsables déclarent à la télévision que tout va bien. Sur le terrain, c'est toute l'Algérie qui est en grève», tel est le constat fait par un citoyen venu s'enquérir de sa réclamation adressée il y a deux mois à la Grande-Poste. Hélas, les travailleurs d'Algérie Poste sont toujours en grève. Personne ne peut lui fournir une quelconque explication. Le citoyen se met en colère. Mais son mécontentement n'a pas changé l'atmosphère qui règne à l'intérieur de cet édifice. «Chacun à ses raisons. Si vous n'êtes pas content, profitez de la présence de la presse pour exposer vos problèmes», répond un gréviste à l'homme dépité. Cet universitaire critique violemment la gestion de la politique salariale, avertissant des conséquences fâcheuses des augmentations démesurées des salaires. «Des augmentations de 50 à 70% ! C'est l'avenir des futures générations qui est compromis», met-il en garde. Les postiers contestent cette analyse, estimant que la demande d'augmentation du salaire est un droit. «De toute façon, si vous n'aurez pas une augmentation en cette période, vous ne l'aurez jamais dans votre vie», assure ce citoyen qui sort tout de même sans pouvoir régler son problème. Ce genre de querelle n'est pas un cas isolé. Des échanges parfois violents entre les grévistes et les citoyens se multiplient tout au long de la journée. Si le retrait d'argent reste possible grâce aux distributeurs automatiques, les autres services sont totalement à l'arrêt. «Afin de minimiser l'impact de la grève et éviter la pagaille, des responsables, notamment des directeurs d'agence et des receveurs, ont remplacé les agents préposés aux guichets qui sont en grève», assure un gréviste, rencontré au niveau du bureau postal de la Grande-Poste. «Algérie Poste sans syndicat et sans fédération», lit-on sur une affiche collée sur la façade de la Grande-Poste. Les travailleurs, rencontrés sur place, manifestent tous leur rejet pour les représentants de leurs syndicats. «Algérie Poste sans syndicat et sans fédération» Certains sont allés jusqu'à les accuser de trahison. Même son de cloche au centre d'Algérie Poste de Meissonier. Les travailleurs se démarquent du syndicat affilié à l'UGTA. «Nous n'avons pas un syndicat autonome qui puisse défendre nos droits», regrette un employé de ce centre. Interrogé sur les raisons qui ont empêché la création de ce syndicat, cet agent qualifie la situation de «floue». «Ceux qui profitent de la situation actuelle s'opposent au projet», explique son collègue. L'idée du syndicat autonome n'est pas soutenue par les travailleurs de la Grande-Poste. Pour clarifier cette situation, nous avons contacté vainement le secrétaire général de la fédération des travailleurs d'Algérie Poste. Un membre de la section syndicale de la Grande-Poste qui a refusé de révéler son nom, fait incursion, mettant fin à la discussion des travailleurs. «Personne ne peut parler au nom des travailleurs. Il n'y a que moi qui représente les travailleurs de la Grande-Poste», menace-t-il en vociférant. Questionné au sujet de la grève qui gèle le secteur depuis le 28 mai, ce «syndicaliste» refuse tout commentaire. Il n'est venu en réalité que pour discréditer les propos d'un gréviste du Centre national des chèques postaux (CNCP), rencontré à la Grande- Poste. Syndicaliste anonyme Etrangement, ce syndicaliste s'est attaqué aux déclarations auxquelles il n'a pas assisté. Est-il au courant du contenu des propos de ce travailleur du CNCP qui accuse les syndicalistes de trahison ? Si c'est le cas, comment le sait-il ? Ces questions demeurent sans réponse dans la mesure où le membre de la section qui s'est emporté, refuse de répondre à nos questions. «Ce travailleur des chèques postaux n'est pas notre collègue. Si vous voulez que je vous donne mon nom, accordez-moi une interview», exige-t-il. En l'absence des représentants des travailleurs, les agents de la poste de Meissonier estiment que c'est le ras-le-bol qui a poussé les travailleurs à cette action radicale. «C'est l'indifférence des responsables et les promesses non tenues qui nous ont emmené à une grève illimitée», précisent les grévistes. Ils exigent l'application de la convention collective de 2003 en ce qui concerne l'augmentation des salaires et les versements des rappels. Ils attendent le 24 juin avec impatience, date fixée par la tutelle pour la concrétisation de ces promesses. Concrètement, les travailleurs qui n'ont plus confiance aux communiqués, exigent le virement des rappels et des augmentations. Mais, le 24 juin, ce sera malheureusement un vendredi, premier jour du repos hebdomadaire.