Ce débrayage a été le coup de grâce pour cette frange de la société, qui vivote, cruellement tributaire d'une pension, dérisoire dans la majorité des cas Hier, à Constantine, la place du 1er Novembre était prise d'assaut par des centaines de retraités, venus très tôt le matin, dans l'espoir de percevoir leurs pensions à partir de la Grande poste. Très vite, les choses ont tourné à l'émeute. Il faut dire qu'avant même la grève des postiers, qui dure depuis plus de 15 jours, les retraités s'étaient habitués à vivre de manière pénible la dernière semaine de chaque mois, date de virement des pensions; c'est devenu pour eux une habitude de se lever aux aurores pour faire la chaîne devant les bureaux de poste. Cette grève des postiers a été le coup de grâce pour cette frange de la société, qui vivote, cruellement tributaire de cette pension, dérisoire dans la majorité des cas. La grande place de la Brèche a donc été investie par la foule, et la colère des retraités était à son paroxysme. «Donnez-nous notre argent, nous n'avons plus de quoi vivre; personne ne pense à nous», clamaient-on ici et là. Un octogénaire nous dira qu'il n'a plus de quoi acheter de la nourriture. «Je touche en tout 7000 DA, et encore je n'y ai pas droit avec cette grève», gémit-il. Il a fallu l'intervention de la brigade antiémeute pour calmer un peu les esprits. Deux files aussi longues qu'un fleuve, se sont formées de part et d'autre du parvis de la poste, sous l'œil de la même brigade, où il a été décidé de faire entrer les retraités par petits groupes de quatre ou cinq. A 13 h, la foule était toujours aussi nombreuse, et à ce train, les pensionnés y passeraient sûrement la soirée. A Annaba, ils étaient 800 postiers à observer hier une grève générale au niveau de toutes les structures d'Algérie Poste de la wilaya. Aucun employé n'a daigné ouvrir son guichet à travers les 59 bureaux de poste implantés à travers toutes les agglomérations.
Paralysie totale Non informés, les usagers étaient hier matin devant les portes des bureaux de poste attendant désespérément l'ouverture pour un retrait, l'envoi d'un mandat, un virement ou encore pour poster un courrier. Situation similaire pour les retraités qui attendaient leur virement hier. «Je suis ici depuis 7h du matin. Je viens d'apprendre que les postiers sont en grève générale et qu'ils ne vont pas ouvrir les guichets. On nous a dit que nous pouvons retirer notre pension depuis les distributeurs automatiques. Mais ces derniers sont pris d'assaut. Je ne sais pas comment je vais faire», se plaint un retraité rencontré devant la Grande poste. Un mouvement de protestation que les travailleurs comptent inscrire dans le temps puisqu'ils déclarent: «Notre grève est ouverte jusqu'à la satisfaction totale de la plateforme de revendications approuvée par l'ensemble des travailleurs. Elle concerne plusieurs points d'ordre socioprofessionnel, dont l'augmentation des salaires.» Le moment choisi pour entamer cette grève générale n'est pas fortuit. Il intervient en période des virements des salaires et pensions représentant 65 000 retraités et 34 000 travailleurs de la fonction publique de différentes entreprises et ceux du préemploi. Quant aux autres appointements, ils sont versés dans les 282 000 comptes postaux (CCP) et 34 500 comptes CNEP. Contacté, Braghta Amar, directeur de la poste et de la technologie de l'information nous a déclaré que «le problème des postiers sera réglé aujourd'hui». A Souk Ahras, c'était la paralysie totale, hier, au niveau des services d'Algérie Poste, où le mot d'ordre a été majoritairement suivi. Les revendications telles que transmises à notre journal par les grévistes se résument en quatre points essentiels, à savoir une augmentation du salaire de base à un taux de 80% avec effet rétroactif depuis 2008, la révision à la hausse des indemnités et des primes, l'amélioration des conditions de travail et le droit aux différentes promotions. Contacté par téléphone, l'un des représentants des travailleurs a avancé un taux de suivi de la grève de 95%. «Nous continuerons cette protestation jusqu'à ce que soient reconnus nos droits par la tutelle», nous a déclaré un autre.