La grève des travailleurs d'Algérie Poste a entamé hier sa 2e semaine. Des millions de citoyens n'ont pas pu retirer leur argent, que ce soit les paies de fin de mois ou les pensions, car même le service minimum n'était pas assuré. Les plus chanceux ont eu recours aux distributeurs automatiques. Les contestataires imputent l'entière responsabilité de cette situation à la direction. Rencontrés hier au niveau de la Grande Poste, où la contestation est animée par l'ensemble des travailleurs de la première agence postale d'Algérie ainsi que par des éléments venus de la poste de la place des Martyrs, les grévistes ne comptent pas baisser les bras. Ils reprochent à la direction d'Algérie Poste de ne pas appliquer les recommandations décidées lors de la réunion du 12 avril dernier. Selon les grévistes, qui soulignent n'appartenir à aucun syndicat, «la Fédération des travailleurs de la Poste et des TIC (FNTIC), affiliée à l'UGTA, est en train de saboter les travailleurs et se trouve derrière cette situation de blocage». L'un d'entre eux, faisant office de porte-parole, a déploré «le fait que le SG de la FNTIC, un certain Mohamed Tchoulak, soit en même temps syndicaliste et directeur au sein d'une agence postale». «Comment est-il possible qu'un membre d'un syndicat soit aussi un responsable ? Il reçoit les instructions de la tutelle et ne peut donc pas défendre les travailleurs. C'est la FNTIC qui est derrière la non-application des recommandations décidées en avril. Cette incohérence nous pousse à demander la création d'un syndicat autonome. Mais là aussi, les responsables nous refusent cette initiative», a-t-il ajouté. Les travailleurs revendiquent, par ailleurs, des augmentations de 30% et l'élaboration de plans de carrière. Ils réclament également les mêmes avantages attribués aux travailleurs d'Algérie Télécom. Ces derniers ont bénéficié dernièrement de la prime de rendement individuelle et collective. Du côté de la direction de la Poste, on assure que «suite aux négociations avec la FNTIC (organe syndical rejeté par les travailleurs en grève), un chapitre de revendications a été pris en charge. Il s'agit de l'avancement horizontal, celui lié à la promotion, la révision de la nomenclature des postes de travail et l'avancement de deux classes pour les agents dont l'âge a atteint 55 ans». Dans le même sillage, les travailleurs en grève reprochent à la direction «de ne pas appliquer le réalignement des indemnités et la révision de la grille des salaires». Sur ce dernier point, les contestataires indiquent que «depuis 2003, la convention EPIC de la grille des salaires n'a pas été révisée». Ni paies, ni pensions «La grève a concerné environ 28 000 travailleurs de la Poste et le mouvement a été suivi dans les 48 wilayas», avance-t-on. Les grévistes sont conscients du raz-de marée de citoyens qui a déjà commencé et qui risque de se poursuivre. Somme toute, les contestataires sont décidés à ne mettre fin à la protesta que lorsque leurs revendications seront entièrement prises en compte.