Les jours sont comptés pour El Gueddafi dont les derniers camps retranchés tombent un à un sous les bombardements de l'OTAN qui se développent et s'intensifient de jour en jour. Lâché par toutes les grandes capitales, poursuivi par le TPI, harcelé sans répit par ses opposants, tant sur le terrain qu'à l'étranger, le leader libyen n'a plus maintenant comme solutions que fuir honteusement vers l'extérieur ou se cacher en Libye (tel Saddam Hussein), se suicider, ou la mort les armes à la main, mais sans gloire face à des révolutionnaires de son propre pays. Quelle que soit sa fin, personne n'y versera une larme, même si sa chute ouvrira une ère d'incertitudes pour la Libye et la région. C'est le sort que réserve l'histoire aux dictateurs ennemis de leur peuple, histoire qui par un concours exceptionnel de circonstances s'est brusquement accélérée dans le monde arabe dès l'achèvement de l'année 2010. Ont déjà été emportés deux tyrans, de Tunisie et d'Egypte. Et si une page est en train de se fermer en Libye, une autre, toujours de sang et de larmes, s'écrit en Syrie et au Yémen. D'autres pages commencent juste à s'ouvrir au Maroc, en Algérie et dans les pays du Golfe. Digne héritier de son père en matière de génocide, Bachar Al Assad a tablé sur l'usure de la révolte de son peuple. Il a tenté de l'acheter par quelques concessions sociales et politiques, mais en vain. Il a sous-estimé sa profondeur, pensant à une fronde passagère alors qu'elle avait des allures de grande révolution prise à bras-le-corps par l'écrasante majorité des Syriens, y compris les enfants. Obnubilés par son rôle joué dans le conflit israélo-arabe, les alliés du régime de Damas ne l'ont pas condamné. Ne pouvant le soutenir ouvertement, ils sont restés (et restent) aveugles devant ses crimes. La duplicité la plus flagrante est celle manifestée en direction des monarchies du Golfe, gardiennes des approvisionnements énergétiques de la planète. L'Occident ne veut pas voir les colères populaires endémiques se manifestant généralement à petite échelle dans ces pays. Pour que soit maintenu le statu quo, les puissants du monde ont fait confiance aux appareils répressifs des monarques surarmés et surentraînés, ainsi qu'aux conservatismes politiques et culturels de leurs sociétés. En les élevant au rang de gendarmes régionaux, les Occidentaux les ont transformés en sous-traitants de leurs intérêts. Très vite a été digérée et oubliée la crise de Bahreïn, où un soulèvement populaire inédit a jeté l'effroi un temps. Et le roi Abdallah n'a pas hésité à déverser 200 milliards de dollars sur son peuple pour couper l'herbe sous le pied des premiers contestataires de la monarchie absolue. Dépourvu de ressources, le président du Yémen voisin, pour sauver son régime ébranlé par une contestation sans répit, n'a pu faire que le choix de tirer sans arrêt sur les révoltés. Il scelle ainsi son destin à celui de Bachar Al Assad et d'El Gueddafi. Sans les gros sous que possède son allié saoudien, le souverain marocain tente par la ruse politique d'éloigner les gros nuages qui se profilent à l'horizon, tout comme son voisin le président Bouteflika, alarmé par une mini-insurrection de jeunes, vite calmée mais restée dangereusement en veilleuse. Aucun louvoiement ne résiste longtemps à l'appel profond de la démocratie, c'est également une des leçons de l'histoire.