10,9% des femmes admettent avoir été soumises à des relations sexuelles forcées à plus d'une occasion. Le rapport a dressé une liste des formes les plus répandues des violences faites aux femmes et aux filles en Algérie. La femme reste exposée, au sein de la société algérienne, à diverses violences, qu'elles soient physiques, sexuelles ou psychologiques. L'Etat doit de ce fait s'impliquer davantage afin de la protéger et faire évoluer les mentalités discriminatrices. Telle est la conclusion de Rashida Manjoo, rapporteuse spéciale de l'ONU sur les violences à l'égard des femmes, qui avait séjourné en Algérie du 1er au 10 novembre 2010. Ainsi, ledit rapport dresse une liste des formes les plus répandues des violences faites aux femmes et aux filles. Des attitudes qui n'ont pas pu être enrayées, et ce en dépit des efforts consentis par les pouvoirs publics, notamment en termes législatifs. Ces différentes politiques, estime le rapport, n'ont pas été en mesure d'éliminer les discriminations, et de totalement transformer des attitudes et des stéréotypes profondément ancrés dans les mentalités patriarcales, et qui relèguent les femmes à un rôle d'infériorité. «Les défis en termes d'interprétation et d'application des lois, le recours à la médiation afin de résoudre les incidents violents, l'absence de statistiques exhaustives quant à la prévalence de la violence, ainsi que l'absence de coopération et de collaboration efficace entre la société civile et l'Etat», sont autant de facteurs qui ne font qu'aggraver la vulnérabilité des femmes face aux violences. Et le milieu au sein duquel la femme est la plus exposée à la violence reste sa famille. «Cette violence n'est toutefois pas perçue comme un problème justifiant une intervention juridique, sauf si elle entraîne des blessures graves», de s'alarmer la rapporteuse de l'ONU. En sus des agressions physiques, des menaces et des violences psychologiques dont sont régulièrement victimes les femmes au sein du domicile conjugal, elles sont tout autant exposées aux assauts sexuels. Ainsi, un sondage exploité par la rapporteuse de l'ONU révèle que les viols conjugaux et autres formes d'abus sexuels existent, «avec 10,9% des femmes qui admettent avoir été soumises à des relations sexuelles forcées à plus d'une occasion par leur partenaire intime». Les maris et petits amis ne sont toutefois pas les seuls auteurs de ces actes, les membres de la famille, pères, frères et beaux-parents suivant de près. D'ailleurs, les plus jeunes filles sont largement exposées à la violence et à la maltraitance parentale, ainsi qu'à l'inceste, dans une moindre mesure. Les femmes seules et travailleuses les plus exposées aux violences Les plus vulnérables sont les femmes démunies et sans instruction, les divorcées et les veuves, ainsi que les femmes ayant contracté un mariage religieux non officialisé administrativement. Les mères célibataires ainsi que les femmes vivant seules sont elles aussi maltraitées. Elles sont rejetées, stigmatisées, cibles d'hostilité et d'agressions, parfois extrêmement violentes, comme en atteste les attaques perpétrées contre les femmes de Hassi Messaoud. Pour ce qui est des violences faites aux femmes à l'extérieur du cercle familial, le rapport estime que le harcèlement sexuel est «omniprésent». Et en dépit des «initiatives louables des pouvoirs publics», tant juridiquement qu'en termes de sensibilisation, n'en demeure que ces abus de pouvoir sont «largement sous-estimés», les raisons étant «la peur des victimes de représailles ou de contre-accusations d'avoir provoqué les assauts de l'auteur, ce qui conduit à une plus grande stigmatisation. De même, le manque de protection des victimes et des témoins, en particulier dans les affaires pénales», de relever le rapport. «Changer les mentalités dès l'école» Dans son rapport, la Sud-Africaine émet une longue liste, près d'une trentaine, de recommandations et de conclusions. De nombreux «défis» qui exigent une attention particulière, «la mise en œuvre et l'interprétation efficace de la loi, la nécessité d'un cadre institutionnel de protection renforcée, la mise en place d'un système global et coordonné de collecte de données, et l'amélioration des processus et les mécanismes de collaboration entre société civile et institutions». De même, il est souligné l'importance de la révision du code de la famille, une meilleure protection des femmes vulnérables aux violences, en pénalisant par exemple les viols conjugaux, ou encore en offrant une meilleure protection aux femmes dans les milieux professionnels. Toutefois, l'ensemble de ces efforts seraient vains si des campagnes de sensibilisation, via les programmes scolaires et les médias, dans le but d'éliminer les attitudes discriminatoires envers les femmes et de s'attaquer, à la racine, aux attitudes stéréotypées concernant les responsabilités et les rôles des femmes et des hommes dans la famille, la société et dans le lieu de travail.