Des terrasses rarement visitées, la multiplication des décharges à ciel ouvert, le développement de la pêche industrielle… Les Goélands leucophées, plus connus dans l'Algérois sous le nom de Tchou tchou maleh, seraient de plus en plus nombreux à nidifier… en ville ! «A Alger, dix couples au moins ont été recensés en 2010 contre cinq en 2005. A Jijel, cinquante couples résidaient en ville en 2008, notamment sur l'ancien campus universitaire, contre cinq en 2005. Idem à Béjaïa, où on a relevé dix couples en 2010 contre un seul il y a six ans», précise Riadh Moulaï, enseignant au laboratoire d'écologie et environnement à la faculté des sciences de la nature et de la vie à l'université de Béjäia. Avec Nicolas Sadoul, de la station biologique de la Tour du Valat, à Arles, et Salahedine Doumandji, du département de zoologie agricole et forestière à l'Institut national agronomique d'El Harrach, ils ont publié en 2005 et 2006 une étude sur la nidification urbaine et à l'intérieur des terres du Goéland leucophée et sur les effectifs et la biologie de sa reproduction, et en 2008 une étude sur l'impact des décharges d'ordures ménagères sur son régime alimentaire. Depuis une quarantaine d'années, cette espèce connaît une explosion démographique en Méditerranée nord occidentale, où il est devenu l'oiseau marin le plus abondant. Cette évolution s'est accompagnée d'une saturation progressive des sites d'origine (milieux marin et lagunaire) et a entraîné une extension de l'aire de reproduction et la colonisation de nouveaux milieux. La colonisation du milieu urbain pourrait être le signe d'une possible saturation des sites traditionnels de nidification. Un dénombrement des couples nicheurs de Goélands leucophée, réalisé en 2002 dans la région de Béjaïa, montre ainsi que les effectifs ont été multipliés par plus de sept depuis 1978.