Lancé l'année dernière dans deux périmètres agricoles de Hassi Messaoud, le premier super jardin potager oasien fête son premier anniversaire. Le total des récoltes a dépassé les 6 quintaux, une économie d'eau de 80%, une adaptation au climat des zones arides. Nourrir une famille de 10 personnes pendant une année avec 60 m2 de terre n'est plus un slogan. Pari gagné pour Sodexo et Pro Natura International. El Watan Economie a revisité la palmeraie de Hassi Rédha, à 15 km de Hassi Messaoud. En voici le compte rendu. Cantonnée à son seul statut de première province pétrolière d'Algérie, Hassi Messaoud n'est pas une zone agricole d'excellence. Elle pourtant a offert à l'Algérie les plus belles performances agricoles en matière de céréaliculture et de production de la pomme de terre en zone aride et précisément à Gassi Touil, une ferme agricole pilote qui a connu un grand succès et des rendements plafonnés grâce à l'assistance technologique américaine durant les années 1990. La ferme pilote est actuellement laissée à l'agonie sans repreneur, les promesses de l'ex-ministre de l'Energie à l'ex-wali de Ouargla de reprendre le projet voire lancer un périmètre agricole de 4000 ha à Hassi Messaoud sont restées lettre morte. Aujourd'hui, c'est l'initiative d'une ONG et d'une entreprise de catering qui ont fait de Hassi Messaoud la première région aride au monde à expérimenter le super potager, un concept novateur de production vivrière familiale. Une expérience qui fait désormais référence en la matière grâce à un projet qui prétend introduire la culture du jardin potager chez les familles algériennes. De quoi s'agit-il réellement ? L'introduction du jardin super potager en milieu oasien a été initiée par Pro Natura International, une ONG établie en France, dans le cadre d'un partenariat avec Sodexo, le leader français du catering implanté à Hassi Messaoud via son association « Stop Hunger » ainsi que JTS Semences France qui a créé et développé le concept du jardin tropical amélioré en impliquant la subdivision des services agricoles de la daïra de Hassi Messaoud ainsi que Benmoussa Ridha et Deguenati Mohamed deux agriculteurs de la région. L'objectif de cette expérience lancée en mars 2010 est de développer l'autoproduction de légumes frais et variés pour l'autoconsommation des ménages ruraux et l'approvisionnement des bases de vie de Sodexo. Les étapes du projet que nous avons suivies l'année dernière (voir El Watan Economie du 12 au 18 avril 2010) selon les termes de la convention signée par les deux familles leur ont permis d'expérimenter une technique qui économise la terre, l'eau et l'énergie tout en assurant un bon rendement de légumes frais avec seulement deux heures de travail par jour. Les deux familles ont mis à la disposition du projet une partie de leur exploitation et suivi une formation technique in situ. Sodexo a financé pour sa part la formation, les kits complets d'équipements innovants de jardinage et d'implantation du super potager, Pro Natura et JTS Semences ont quant à elle mis à la disposition du projet les semences adaptées, les amendements du sol, le matériel d'irrigation et les équipements innovants notamment le voile de couverture qui fait toute la différence avec une agriculture traditionnelle. En plus des semences adaptées, l'introduction du charbon apporte un plus grâce à la capitalisation du savoir-faire des Indiens précolombiens qui, depuis plus de 7000 ans, l'utilisaient pour enrichir les sols. Outre l'apport agronomique, le charbon confère au sol des propriétés intéressantes pour la préservation de l'environnement puisqu'il capture et stocke le CO2, il contribue à la réduction des gaz à effet de serre. Maintenant que le décor est planté, place aux acteurs de ce projet qui apporte au Sahara le moyen de conjuguer rentabilité agricole, économie d'eau, d'énergie et durabilité.