Il s'agit d'un projet agricole réalisé par cette société française en plein milieu de l'océan de sable qu'est le Sahara. Il fête aujourd'hui son premier anniversaire. Un an et tous ses… dons et composants. Il fait déjà ses premiers pas au bout d'une année à peine. Les conditions dans lesquelles il est né n'étaient point favorables. Ses concepteurs ont néanmoins rassemblé et fourni tous les atouts nécessaires pour que sa venue au monde soit des plus douces. Le bébé dont il est question est en fait un projet agricole dénommé “Super Potagers” (SP). Un bout de chou, une œuvre chère à son principal géniteur, la société française Sodexo, spécialisée dans le catering et la restauration, implantée au Sud. Cette entreprise a, en réalité, conçu et créé ce projet à Hassi-Messaoud, avec 5 partenaires que sont Pro-Natura International, Sonahess, JTS Semences, les services agricoles de la région et deux agriculteurs. À quelques encablures du chef-lieu de daïra, en plein milieu du désert – car on y est réellement –, on aperçoit une palmeraie ou du moins, un amas bien agencé de palmiers entourant un périmètre, jalousement sauvegardé contre les vicissitudes du vaste Sahel. Vu de loin, cet endroit offre aux plus curieux l'image d'une véritable oasis. De près, il s'agit d'une parcelle de terre, pourtant loin d'être arable, sur laquelle sont semés des produits agricoles. Personne ne donnait cher d'un tel projet agricole en plein centre du Sahara. Le projet avait, aux yeux des plus sceptiques, des soubassements dubitatifs. Mais il a bel et bien vu le jour, il y a un an. Le geste de Sodexo se veut une réponse favorable au cri du cœur de quelques familles autochtones tombées malgré elles dans la débine. L'entreprise est, pour cela, descendue dans l'arène afin de livrer une lutte larvée contre les aléas du désert. Par son acte, la société contribue à rasséréner une partie de cette population qui, à une certaine période, a commencé à clamer et réclamer avec véhémence son quota dans le lot de postes d'emplois pourvus, au profit des étrangers, au sein des entreprises installées sur leur propre commune. Le jardin “Super Potagers” de Sodexo constitue ainsi cette petite pluie qui abat des grands vents. Il a pu effectivement apaiser des querelles… un tant soit peu. Les responsables de ce groupe international ont promis à tout le monde la concrétisation de ce projet. Pour éviter alors toute éventuelle semonce, Sodexo a apporté… la semence idoine à son potager. L'idée qui a germé s'inscrit, explique Laurent Martin, directeur général de Sodexo Algérie, dans un vaste programme appelé “Plan pour un avenir meilleur” que compte réaliser le groupe d'ici à 2015 dans chaque pays où il est présent. L'Algérie est par conséquent l'“un des pionniers de ce projet de développement durable à l'avantage des populations. Nous avons jeté notre dévolu sur la région sud du pays, dans un environnement sahélien”, précise Laurent Martin. “Comme nous sommes implantés à Hassi-Messaoud, nous avons voulu faire profiter les citoyens, nos partenaires, nos clients et les autorités”, ajoute-t-il. Autrement dit, l'agriculture alimente l'industrie et l'industrie enrichit l'agriculture... Pour le DG, le jardin s'adresse en premier lieu aux familles qui doivent se l'approprier. “Nous, nous sommes toujours là, prêts à les accompagner et à leur porter l'assistance voulue”, affirme M. Martin. Une économie d'eau de 80% ! Ce n'est pas faire un accro à la conscience ou aux règles de bienséance que de lancer un tel projet en plein Sahara. L'initiateur a jugé utile de prendre contact au préalable, avec ceux qui connaissent le b. a.-ba du métier, c'est-à-dire l'agriculture saharienne. Le constat établi révèle que les populations de nombreux pays sahariens doivent améliorer leur nutrition mais éprouvent, malheureusement, de réelles difficultés pour développer des techniques agricoles efficaces. Le challenge que s'offre ainsi le concepteur, c'est de pouvoir adapter les cultures à l'aridité des sols et à la rareté de l'eau, paramètres ardus qui caractérisent la partie sud du pays. “La méthode agricole réservée au SP propose des outils et des techniques adaptées aux besoins des populations rurales pour atteindre l'autosuffisance alimentaire et diminuer leur empreinte écologique en réduisant leur consommation en eau et en énergie”, indique Laurent Martin. “C'est une solution qui permet de nourrir suffisamment une famille de 10 personnes pendant un an”, souligne-t-il. Le surplus de production pourra être vendu sur les marchés locaux, ce qui leur fournira une source de revenus alternative. Le projet a été mis en œuvre en mars 2010 sur deux terrains de 60 m2 chacun à Hassi Réda et Hassi Khouildat. Sur ces parcelles, il a été planté des concombres, des courgettes et des gombos. M. Martin avoue que le surplus de production sera acheté par Sodexo conformément à un contrat qui sera signé avec les agriculteurs. En mettant en application ce concept, il a été relevé que la production est constante durant toute l'année avec des cycles réguliers sans effet saisonnier dès la 5e semaine. Ce procédé permet, confirme le directeur du projet, Mohamed Bouchentouf, d'économiser l'eau jusqu'à 80%, grâce à un travail du sol en profondeur, à l'emploi de matière organique pour la fertilisation, à la mise en place de voiles de protection et à la capacité de rétention d'eau du biochar. Celui-ci “est composé des résidus agricoles inutilisés ou issus de la biomasse qui sont transformés en biochar de charbon vert, un substitut au charbon de bois. L'une de ses principales qualités, c'est d'améliorer la fertilité des sols et pièger le carbone”, explique-t-on. 2 heures de travail pour un rendement plein ! L'autre avantage de cette méthode a trait au temps de travail nécessaire et efficace, réduit, tenez-vous bien, à seulement deux (2) heures/jour pour une famille ! Il est à noter en outre, qu'aucun pesticide ou produit chimique n'est utilisé dans le processus de culture biologique. Les résultats sont plus que satisfaisants, voire surprenants d'autant plus qu'ils affichent une production moyenne récoltée de 120 kilogrammes pour une seule planche. Le rendement est estimé à 8 kg/m2. Ne dit-on pas que terre bien cultivée, moisson espérée et souvent assurée ? Même si c'était la croix et la bannière au début, ce restaurateur s'est cependant mis en appétit de ce projet. Mieux, il envisage de le développer dans d'autres régions telles qu'Adrar, Timimoun, El-Oued, notamment pour les localités de Gourara, Souf, M'zab, Touat… “Pour cela, nous allons entamer une série de discussions avec les autorités et les partenaires potentiels”, assure M. Martin. On est tenté de dire que cette prétendue malédiction qui s'abat sur cette région du pays, s'avère désormais une bénédiction de par son climat, son soleil et ses conditions favorables, pour une poussée, une moisson de produits agricoles. Car, ici, si le soleil brille pour tout le monde, rares, en revanche, sont ceux qui en exploitent ses bienfaits… En d'autres termes, les promoteurs de ce projet veulent rompre en visière Dame Nature et s'acclimater aux durs méfaits climatiques afin d'en extirper un bien-être et un savoir-vivre au profit des occupants de ces zones rurales... Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? Assurément ! Est-ce une nouvelle ère, fondée sur un mode de vie hors-hydrocarbures qui commence à Hassi-Messaoud ? Peut-être. En tout cas, Sodexo a bien tracé le sentier menant vers cet objectif tant souhaité par l'Algérie.