Nabil Belghoul, l'un des photographes les plus talentueux et les plus chevronnés de son temps, devait célébrer son mariage le 23 août dernier. Son destin tragique en a voulu autrement. Avant de tirer sa révérence le vendredi 22 juillet 2005 à la fleur de l'âge (31 ans), Nabil avait à son actif un palmarès digne des virtuoses dans le domaine de la photo journalisme. La nouvelle de son décès inattendue avait jeté l'émoi parmi la corporation. Ses amis et collègues lui reconnaissaient volontiers ses vertus et ses qualités professionnelles. Gilet de reporter sur ses épaules, le défunt a consacré sa jeunesse au service de son métier auquel il a donné sa noblesse et ses plus belles images. Ses œuvres fascinantes ont été publiées dans des centaines de journaux et de magazines du monde entier. Photographe humaniste, en sympathie avec ses sujets, Nabil n'hésitait pas un moment à prendre son appareil pour immortaliser la vie, avec ses joies et ses malheurs, ses drames et ses douleurs. Pour l'amour de son métier, il avait, tant de fois, défié la peur et bravé la menace intégriste. Il a tant de fois arpenté les maquis terroristes et parcouru les quartiers populaires et les bidonvilles à la recherche de la vérité. Une vérité qu'il imprimait sur ses intarissables clichés. Au fil des ans, Nabil a su développer son génie créateur. Le défunt avait retrouvé le chemin de sa vocation au début des années 1990. Il a commencé sa carrière au quotidien Le Matin avant de fonder, en 1997 avec d'autres collègues, New Press, l'unique agence spécialisée dans la photographie en Algérie. Nabil a également exercé à AP et à l'agence internationale CIPA Press. Il a, en outre, collaboré au quotidien arabophone Algérie News et dans plusieurs autres magazines. Quelques jours après son décès, ses collègues photographes ont exposé à la Maison de la presse les photographies réalisées pendant plus de 10 ans par Nabil Belghoul. L'hommage était, pour tout dire, émouvant. A travers ses œuvres, le défunt a retracé, par l'image, une bonne partie de l'histoire récente de la nation. Hélas, l'objectif de son appareil restera fermé à tout jamais. Repose en paix Nabil, ton image restera pour nous un éternel cliché.