- Vous avez opté cette année pour une section Off pour le Dimajazz. Pourquoi ce choix ? Le off servira de tremplin pour les musiciens algériens qui pratiquent les catégories de musiques moderne et universelle. Ce sera un espace de rencontre et d'échange entre musiciens et l'occasion de créer de l'émulation en étant à proximité des professionnels. Le public, particulièrement jeune, devra s'éclater aussi, d'autant que les étudiants comme les candidats au bac viennent de se libérer. Tous les festivals de jazz, dignes de ce nom, possèdent un off. Ce sera la première expérience en Algérie. - Pensez-vous qu'une nouvelle scène du jazz se met en place en Algérie ? Je ne connais pas de raison pour qu'une telle scène n'émerge pas. Il y a un public pour le jazz. Il y a des besoins et, surtout, il y a des potentialités artistiques. Grâce à la dynamique du Dimajazz, on a vu naître des groupes de jazz comme Sinouj, Madar ou encore Aminoss, et je crois que le meilleur est à venir. - Comment s'est fait le choix des artistes invités cette année au Dimajazz. Vous a-t-il été facile de finaliser la liste, surtout que l'édition de cette année se tient en juin et pas en mai comme les années précédentes ? Le léger décalage n'obéit à aucune contrainte en fait. L'été sied mieux à cette musique et nous voulions essayer et voir ce que cela va donner. Le choix des artistes s'est fait normalement. D'ailleurs, nous avons dû refuser plusieurs propositions. Je vous signale que le programme artistique est clôturé des mois avant l'ouverture. - Le commissariat du Dimajazz est-il soutenu par les autorités locales de Constantine surtout que le festival offre une visibilité internationale certaine à la ville ? Un événement d'une telle ampleur ne peut fonctionner qu'avec la volonté des organisateurs. Nous avons effectivement le soutien des autorités locales qui accompagnent le festival et nous facilitent la tâche. Il y a à tous les niveaux la conscience de la dimension qu'a prise le Dimajazz et ce statut de vitrine de Constantine et de l'Algérie. - Vous avez produit dernièrement un album original, une fusion entre le malouf et le jazz. Avouez que c'est une véritable prouesse de «faire marier» ces deux genres musicaux. Comment est née cette idée ? Les «Dimajazziens» auront-ils le privilège de le découvrir sur scène ? Vous parlez du projet Coudiat Aty. En fait, le public du Dimajazz a eu l'occasion de découvrir le projet en 2008. Le projet n'est pas le produit du Dimajazz, même si le tout fait partie de la même dynamique. C'est un projet que j'avais développé et ensuite dirigé artistiquement. Il a été réalisé par le groupe Sinouj, la troupe de cheikh Selim Fergani, soutenu par le ministère de la Culture et produit par l'association Limma. Le leader de Sinouj, Kheireddine Dehkal, a fait un grand travail, notamment dans l'arrangement de la musique. Constantine est une ville de malouf depuis des siècles, elle est une ville de jazz aussi, désormais. L'idée remonte à loin. Il s'agit en fait d'un vieux rêve qu'on a pu enfin réaliser. Ziriab a fait sa musique. A nous de faire la nôtre maintenant. Une nouvelle musique est possible, peut-être plus proche de nos besoins esthétiques actuels.